J'ai toujours été passionné par les questions de design.
Le Leica et son évolution sont un modèle intéressant : depuis le premier Leica de 1924, jusqu'aux Leica M actuels, le carter, ou ceinture, est resté presque inchangé : il est conçu comme l'enveloppe minimale d'une bobine de film de 35mm, à dérouler devant une fenêtre 24 x 36, puis ré-enrouler provisoirement avant le rebobinage.
Leica I
En 1953, la série M intégre dans le même capot l'ensemble optique complexe du viseur télémètre, et reçoit un levier d'armement.
Leica M4-P
Depuis le M3 jusqu'aux M argentiques actuels, presque rien n'a changé, c'est toujours ce carter aplati aux extrémités arrondies qui détermine l'aspect du boîtier, fruit de cette analyse de base de la fonction lors de la conception par Oskar Barnak :
ceinture de M6
Dans les années 1960, Leitz se pose la question de la modification de cette forme de base, avec l'analyse suivante : le maintien dans la main droite serait meilleur avec une forme un peu plus anguleuse.
une forme un peu plus anguleuse améliore la tenue dans la main droite - présupposé de Leitz dans ses recherches et ses prototypes. Les Leica R en sont issus, ainsi que le Leica M5.
Les
Leicaflex (à partir de 1964) possèdent une forme issue de cette réflexion.
Le
M5 de 1971 aussi, qui a fait l'objet de nombreuses recherches ergonomiques, non seulement du point de vue de la tenue en main, mais aussi de l'usage des fonctions de base : armer, régler, rebobiner.
Leitz songeait à modifier en profondeur son M depuis plusieurs années, avant la mise sur le marché du M5.
En témoignent ces modèles en bois, réalisés à Wetzlar :
ce premier, encore très simple,
et ce deuxième, plus affiné et proche du boîtier final.
dont les formes sont issues de la même réflexion que celle qui a donné naissance au Leicaflex : des formes plus anguleuses pour la prise en main, et les dispositions des commandes aussi : un barillet des vitesses concentrique au levier d'armement, et dépassant légèrement de la face avant du boîtier, pour une manipulation aisée et rapide.
Comparatif leicaflex/M5
Ce qui est intéressant, c'est qu'avant d'arriver à cette solution très simple, le barillet devenant une roue de maniement aisé, avec la main droite qui, traditionnellement sur les boîtiers de la marque, est celle qui a accès à la commande des vitesses, les ingénieurs de Leitz se sont posé la question de transférer cette fonction à la main gauche, comme sur le Nikkormat de Nikon (1965) :
Photo issue du site Nikon.com
Voici donc ce très intéressant prototype, témoin d'une recherche simultanée à celle dont est issue le Leicaflex, donc du début des années 1960.
Leitz pensait intégrer une cellule, non TTL comme elles l'étaient encore toutes à l'époque, supprimer le barillet des vitesses et le remplacer par une bague intégrée à la baïonnette porte-objectif (comme sur le Nikkormat, donc, puis comme plus tard sur les Olympus de la série OM).
Des éléments sont communs à ceux du Leicaflex, et d'autres spécifiques à ce système qui se voulait en rupture avec les M précédents :
prototype M5
prototype M5
prototype M5
On peut noter que ce modèle aurait possédé une vitesse d'obturation de 1/2000 de sec :
prototype M5
On peut aussi noter la similitude de forme du boîtier, avec ce qui a été ensuite envisagé pour le M6, mais ne sera retenue que pour le R4, dont l'aspect est demeuré à peu près inchangé jusqu'aux années 2000, avec les derniers R6.2.
vue de dessous du prototype M6 sur même base que le R4
J'ai collecté ces éléments en vue d'un article à venir dans la partie fixe du site, concernant l'extraordinaire longévité du M, et la difficulté du fabricant à renouveler son concept.
Ce fil créé par macinside m'a donné envie d'en communiquer quelques éléments ce soir.