Juillet au Vietnam

herisson
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Jean-Yves a écrit :
Quand je fais des photos, je ne suis bon qu'à cela... C'est le syndrome du laborieux... :oops:


Il vaut mieux un laborieux consciencieux qui fait bien son travail, sa passion, son hobby, avec plaisir et amour, que quelqu'un de dilettante et capricieux qui se fiche pas mal de ce qu'il fait, en se souciant que du plaisir fugace de l'instant, et se délectant de la petite joie qu'il a fait dans son petit pot, dans son petit coin. Encore que quand elle est faite avec passion, une petite joie, même tangible, fait bien du plaisir !
Comme quoi, tout se défend ! :wink:

Pour moi, laborieux a un côté péjoratif. Est-ce que tu veux dire ? Non, tu es labrieux par amour ! :lol: ... de la photo !

villegas juan carlos
    bravo!
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buenos aires argentine
Jean Yves,

J'aime beaucoup l'épaisseur de ces dernières images (dernier envoi).
L'approche du sujet est de plus en plus intéressant.

Elles me plaisent en block. Bravo pour ce travail!
La photographie est la discipline de l'évidence en un millième de seconde de délire. Bernard Plossu
http://barnackla404.blogspot.com/
jipeji
    Prise de tête
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Bonjour à tous,

Prise de tête :

http://www.photim.net/nci/discu.php3?co ... 9dtcaominh

Jean-Yves, je ne me suis permis de mettre le lien vers ton fil, mais ça m'a démangé de leur répondre :

"Tu prends UN bijou de 50 ans, UN autre de 40, tu t'éclates et tu nous montre le résultat en rentrant !"

Y a des fois j'te jure !

Cdlt
Jipeji.
phipessac
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Sud-Ouest
Toujours aussi bon...argh va falloir trouver un pays hyper original
ou bien faire de gros progrès en photo pour poster un fil dans
"Voyages", le niveau monte très fort.

Mention pour 290-15 et 290-30, fantastique ! :shock:
Philippe
Jean-Yves
    Hoï-An 3
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292-17 : Hoï-An. De bon matin, à la débarque du poisson. La vie photographique appartient à ceux qui se lèvent tôt (ce qui n’est pas tellement mon cas ; dans ce voyage, pourtant, mes deux points d’orgue ont été joués avant 8 heures du matin, le deuxième étant la visite du pont Long Bien à Hanoï). Ici, au 28 mm. La fille à droite note les arrivages sur un petit carnet.





293-30 : Hoï-An. Le marché au poisson. On voit beaucoup de vélos dans les bateaux qui font sans cesse la navette entre les deux rives de l’estuaire. L’activité est intense, sans commune mesure avec ce qu’on peut voir dans la journée.





293-33 : Hoï-An. Le marché au poisson. Les quais donnent sur une halle couverte où le spectacle est total. C’est là que les mareyeurs vendent aux détaillants. Des billets qui se couvrent progressivement de sang et d’écailles circulent de main en main à une vitesse folle. Le personnage coupé à droite est un photographe occidental, qui bougeait peu et shootait au moyen format avec une focale assez longue. Moi je courais partout. Trop immodeste, je me souviens m’être dit que mes photos seraient meilleures que les siennes, ce qui est loin d’être sûr (tant la technique et le résultat sont à dissocier). Et puis : quelle importance ?




293-34 : Hoï-An. Le marché au poisson. Ici, ce qui m’a amusé, c’est la similitude des attitudes. Toujours le démon de la géométrie (ce que Laurent T. appellerait ici, je pense, le ‘visualisme’ ?).




294-05 : Hoï-An. Le marché au poisson. Moins on a à commenter –justifier- une image, meilleure elle est, selon d’aucuns. Ce n’est pas mon opinion mais force est de constater que cette photo est une de mes meilleures de cette riche matinée. Or, je ne sais qu’en dire…




294-07 : Hoï-An. Le marché au poisson. Je compte sur vous pour m’aider à faire le podium des photos de ce marché. C’est pourquoi j’en mets plusieurs.





294-14 : Hoï-An. Le marché au poisson. Avant de repartir sur son vélo, cette dame lavait consciencieusement ses achats dans l’eau sale du port… Je pense que la photo est informative mais ce n’est pas la raison qui m’a fait déclencher. C’est que, comme Jeanloup Sieff, j’ai une vénération totale pour les derrières.




295-27 : Hoï-An. Une des dernières vues avant le départ. Toujours la géométrie : j’ai visé le triangle gémellaire formé par les deux filles se préparant à partir en cyclo. Le reste n’est qu’un décor, les coordonnées du réel.
"La perfection des outils et la confusion des objectifs sont deux grandes caractéristiques de notre temps." Albert Einstein.
LaurentT
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Jean-Yves, décidément tu es un étrange photographe...
Sur le plan purement photographique, certaines de tes images sont plus qu'excellentes mais pour d'autres, rares il est vrai, je me demande "mais qu'est-ce qu'il a bien voulu prendre ??". J'ai hâte de pouvoir en discuter de vive voix !
Car avec les légendes, tout est à sa place. Ce qui augmente ma perplexité... :roll: Tu es peut-être trop fort ...

Le visulisme en photo c'est l'hyper-expressionisme. Par exemple un détail de décor, ou une cabane à frite fermée plein cadre, ... Surtout pas de personnage. Avec une forme extrêmement travaillée. Et souvent à plat, sans perspective.
Ton image du magasin de face, avec le vélo, décor vide, s'y apparente (quoique le vrai visualisme est souvent du gros plan).
A sa façon, Ansel Adams a fait une forme de visualisme en paysage.
Mais pour reprendre une expression que j'ai citée dans un autre fil, c'est un peu "la photographie des artistes"...

A méditer : après avoir visualisé tes images en famille, je me suis entendu dire "belles photos, mais pourquoi diable photographier en N&B dans un pays aussi coloré " :wink:
Jean-Yves
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LaurentT a écrit :
Jean-Yves, décidément tu es un étrange photographe...
Sur le plan purement photographique, certaines de tes images sont plus qu'excellentes mais pour d'autres, rares il est vrai, je me demande "mais qu'est-ce qu'il a bien voulu prendre ??". J'ai hâte de pouvoir en discuter de vive voix !


Ah ben oui, tiens, ça m'intéresse. Et même ici, pour partager collectivement ta réflexion... Il me semble qu'il y a un sujet simple dans chaque image, au contraire... Mais ce qui est certain, c'est que l'ensemble des stimuli qui conduisent au déclenchement sont rarement saisis dans la photo elle-même. C'est pourquoi elle a souvent plus de valeur pour le photographe (la valeur du souvenir) que pour celui ou celle qui la découvre.

citation :
Car avec les légendes, tout est à sa place. Ce qui augmente ma perplexité... :roll:


Je ne comprends pas : si les légendes font leur travail, c'est tant mieux. C'est dans le cas contraire que (moi) je serais perplexe...


citation :
..A méditer : après avoir visualisé tes images en famille, je me suis entendu dire "belles photos, mais pourquoi diable photographier en N&B dans un pays aussi coloré " :wink:


Disons qu'il y a deux raisons : (i) j'aime tirer mes photos et je ne peux pas maîtriser la couleur à la maison ; (ii) je suis influencé par les maîtres du N&B (ceux qui ont continué à faire du N&B après la généralisation de la couleur), et je pense que cela demande plus d'exigence vis-à-vis de la lumière que de photographier en N&B. La couleur a d'autres exigences, qui lui sont propres.
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LaurentT
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LaurentT a écrit :
A méditer : après avoir visualisé tes images en famille, je me suis entendu dire "belles photos, mais pourquoi diable photographier en N&B dans un pays aussi coloré " :wink:


Attention, je n'ai rien dit de tel, personnellement :D
:wink: :wink:
herisson
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Génial, y-en avait encore ! :wink:
LaurentT
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Jean-Yves a écrit :
Ah ben oui, tiens, ça m'intéresse. Et même ici, pour partager collectivement ta réflexion...


Ca serait avec plaisir mais ça sera pour une autre vie je crois... Ou alors pour la retraite !! :wink:
Jean-Yves
    de Da Nang à Hué
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Oui, et ce n'est pas fini, on est à la moitié du voyage ! :wink:




295-02 : La montagne de marbre. Au pied de l’un des cinq pitons qui sortent comme des pains de sucre de la plaine littorale entre Hoï-An et Da Nang, il y a une foule ahurissante d’ateliers marbriers. A l’arrière d’une boutique de souvenirs, je tombe sur un entrepôt, où je trouve cette mise en perspective (que personnellement je trouve assez cocasse : « tu crois que tu me fais peur ? »).








296-17 : Le train de Hanoï en gare de Da Nang. Sur les voies, c’est vraiment le boulevard…




295-08 : Le train, en troisième classe, entre Da Nang et Hué. Il y fait 40°C. Des ventilateurs inefficaces s’alignent au plafond. Des grillages empêchent les enfants de se pencher au-dehors des fenêtres largement ouvertes. Les banquettes sont en bois vernis. Cinquante pour cent des voyageurs dorment par terre, au milieu des reliques des repas distribués dans le train par la compagnie ferroviaire nationale (il faut 15 heures pour aller à Hanoï, à 800 km de là). Lutte intérieure : je sors l’appareil ou pas ? Le plus dur n’est pas de vaincre l’inhibition, cette fois, mais d’affronter mon image (voir le premier post de ce fil). Ai-je le droit de photographier ces gens un peu comme on photographie un champ de bataille ? Quelle en est l’urgence, la nécessité (voir une réflexion judicieuse de Laurent T. à ce sujet, sur un des fils récents) ? Suis-je à ma place ? Qu’est-ce que je fais là ? Cette vision est-elle pittoresque ? Fais-je dans le misérabilisme ? Mais qu’est ce que je dis ! Tant de bonheur sur les visages : je ne peux pas penser que ces gens vont être agressés par mon appareil… Etc.. etc.. Finalement je le fais. Et c’est une demi-heure de plongée en apnée dans le train de la joie.




295-06 : Encore dans ce train, le wagon suivant. L’odeur de bouffe est couverte par une odeur bizarre, que j’identifie comme de l’herbe (d’un mélange que je ne connais pas). Les pupilles dilatées me donnent raison. C’est un groupe de jeunes très excités, très joyeux, qui me font une démonstration de fumage dans leur grande pipe en bois. Nous rions quelques minutes après cette photo. Je ne veux pas passer trop en coup de vent.





295-11 : Toujours dans ce train. Je me rappellerai toujours cette scène. Je passe, je vois, mon cœur bat. Arrivé au bout du compartiment je fais demi-tour : j’ai décidé de parler à ces gens et de faire le portrait de la jeune maman. C’est ma nativité orientale, au 28 mm. Sur la gauche, un monsieur d’un certain âge évente cette jeune femme et son bébé. Je n’ai pas compris s’ils se connaissaient ou pas. Elle a à peine vingt ans, elle a laissé son mari à Saïgon pour aller voir sa famille dans le nord. Je demande son adresse pour lui envoyer la photo. Le monsieur me l’écrit pendant la tétée. C’est l’adresse du mari, pas celle des parents, il y fait très attention. Pendant ce temps elle ne cesse pas de me sourire. C’est bête, mais j’en suis encore bouleversé, rien que d’y repenser. Dans tous les pays du monde on voit des mamans donner le sein dans des lieux publics. Seulement mon regard, à travers le filtre de toutes les photographies du tiers monde qui me sont parvenues, a doté cette scène d’une dimension dramatique probablement incongrue pour tous les autres passagers. Mais qu’importe, puisque c’est ce que j’ai vu. Et j’ai là une réponse à mon interrogation première (ai-je le droit etc…, voir la légende de la 295-08 ) : j’ai peut-être fait ces photos pour me reconnaître moi-même.






296-22 : Toujours dans ce train. Je continue de me déplacer, je suis très énervé, je parle avec les mains, j’en fais sûrement trop. On rit de mes facéties. Sauf les enfants, qui savent mieux reconnaître les malaises. C’est pourquoi il faut photographier les enfants en priorité : on y voit tout ce qui est hors-champ. La maman et la petite fille étaient toutes deux très jolies. On voit en bas à gauche la main de la tante, qui essayait de présenter de la nourriture à l’enfant, qui n’en avait cure puisqu’elle était en communication avec un singe jouant à cache-cache avec un appareil photo.
"La perfection des outils et la confusion des objectifs sont deux grandes caractéristiques de notre temps." Albert Einstein.
Coignet
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75001
295-11 : la mère et l'enfant : absolument fantastique !
zekkar
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He bé ! ça se corse ! :wink:
L'editingue ca va pas être de la tarte :roll:
Ps : tu shootes ça dans un TGV et ils appellent les Flics et t'as droit à "vos papirs !"
Amitiés
jacques
Vu tes tirages amenés par Jean D, on s'en recause devant une "kebat" de soupe :wink:
michel (proteus)
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metz
295-11
le regard de cette jeune maman nourrissant son bébé dans des conditions sordides va droit au coeur
il me met mal à l'aise
faut-il se réjouir de son sourire?
ce sourire n'est-il pas qu'un instant de bohneur fugace donné au photographe et cachant une vie misérable?
que fait-elle en ce moment où je tape ces lignes, confortablement installé?
(le cadrage est parfait)
si vous voulez voir l'invisible, observez attentivement le visible
Jean-Yves
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michel (proteus) a écrit :
295-11
le regard de cette jeune maman nourrissant son bébé dans des conditions sordides va droit au coeur
il me met mal à l'aise
faut-il se réjouir de son sourire?
ce sourire n'est-il pas qu'un instant de bohneur fugace donné au photographe et cachant une vie misérable?
que fait-elle en ce moment où je tape ces lignes, confortablement installé?
(le cadrage est parfait)



Je l'imagine à Saïgon, dans un espace exigu, comme sont la plupart des logements de cette grande ville, ou bien plutôt dehors dans un traffic relationnel et commercial permanent. Quand j'aurai tiré la photo que je vais lui envoyer, je me mettrai en quête d'une traductrice pour l'accompagner de quelques mots.
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