11 novembre (avec paroles)

Posté:
vendredi 10 novembre 2006 - 22:18
par Paradoxal
C'est la Journée du Souvenir.
Les cimetières militaires attirent alors plus l'attention.
Dans un premier en Lorraine belge, les soldats français et allemands tués en août 1914 dorment de la même mort.
Dès l'entrée, les tombes allemandes surgissent.
Et juste un peu plus loin, quelques tombes françaises mais surtout ce que l'on appelle la fosse commune : 2139 morts non identifiés! Ensemble dans le même trou.
Dans un autre cimetière situé dans le Brabant wallon, des victimes de la guerre de 40-45.
Des gens tombés dès le début des hostilités en mai 1940. Principalement des Marocains gisant par centaines dans ce cimetière avec quelques Sénégalais et aussi des Français de souche.
C'est la réalité du film "Indigènes" ici douloureusement illustrée, en Belgique.
M6, Elmarit 21 mm, 28 mm, Neopan 400

Posté:
vendredi 10 novembre 2006 - 22:43
par Invité
Paradoxal a écrit :
Dès l'entrée, les tombes allemandes surgissent
"
Et c'est ainsi que, dans la mêlée, dans la pluie, dans le crépuscule, nous le perdons de vue.
Adieu, Hans Castorp, brave enfant gâté de la vie ! Ton histoire est finie. Nous avons achevé de la conter. Elle n'a été ni brève ni longue, c'est une histoire hermétique. Nous l'avons narrée pour elle-même, non pour l'amour de toi, car tu étais simple. Mais en somme, c'était ton histoire, à toi. Puisque tu l'as vécue, tu devais sans doute avoir l'étoffe nécessaire, et nous ne renions pas la sympathie de pédagogue qu'au cours de cette histoire nous avons conçue pour toi et qui pourrait nous porter à toucher délicatement de la pointe du doigt le coin de l'oeil, à la pensée que nous ne te verrons ni ne t'entendrons plus désormais.
Adieu ! Tu vas vivre maintenant, ou tomber. Tes chances sont faibles. Cette vilaine danse où tu as été entraîné durera encore quelques petites années criminelles et nous ne voudrions pas parler trop haut que tu en réchapperas. A l'avouer franchement, nous laissons assez insoucieusement cette question sans réponse. Des aventures de la chair et de l'esprit qui ont élevé ta simplicité t'ont permis de surmonter dans l'esprit ce à quoi tu ne survivras sans doute pas dans la chair. Des instants sont venus où dans les rêves que tu gouvernais un songe d'amour a surgi pour toi, de la mort et de la luxure du corps. De cette fête de la mort, elle aussi, de cette mauvaise fièvre qui incendie à l'entour le ciel de ce soir pluvieux, l'amour s'élèvera-t-il un jour ?"
(Thomas Mann,
La Montagne magique, 1924,
Finis operis).
Réponse : non, probablement...

souvenir

Posté:
samedi 11 novembre 2006 - 14:10
par alain.besancon
Je l'ai déjà postée, mon grand père mort en 1943 pendant que ses 2 fils étaient loin, l'un dans la marine, l'autre, mon père, au STO. Assez miraculeusement il est revenu physiquement intact : croqué dans les tranchées de Verdun.
Alain


Posté:
samedi 11 novembre 2006 - 23:56
par Filament
Paradoxal, tu as posté des photographies très émouvantes.
Verdun

Posté:
dimanche 12 novembre 2006 - 0:39
par Jean D.
Merci à Paradoxal pour ces images, en effet émouvantes ; ainsi que l’a écrit Liv
ici, « dans le devoir de mémoire, la photographie prend tout son sens »...
Alain vient d'évoquer Verdun : 300 jours et 300 nuits de combats en 1916, environ 300000 soldats français et allemands portés disparus (voir notamment
ici et
là).
Comme je l’ai déjà écrit
ici, mon grand-père paternel fut grièvement blessé lors de la première guerre mondiale. Il était criblé d’éclats d’obus qui lui faisaient des taches noires sous la peau (ces éclats "remontaient" peu à peu) ; il se maintenait debout grâce à un carcan de bois et de cuir, qui lui enserrait le torse et se prolongeait le long de la jambe droite (il a exercé ainsi son métier d’instituteur). Petit garçon assis à sa gauche lors d’un repas dominical, je me souviens que mon grand-père m’a dit : « tiens, regarde… » et, le poussant d’un ongle, il s’est expulsé du dessus d’une main un petit éclat d’obus qui a roulé sur la nappe…
Jean D.

Posté:
dimanche 12 novembre 2006 - 11:02
par Inthebox
Une série-hommage de Paradoxal bien plus poignante que n'importe quel discours avec trémolos de rigueur.
(Comprenons-nous : je ne veux parler ici que des discours officiels prononcés par des hommes politiques en "service commandé".)

Posté:
mercredi 15 novembre 2006 - 22:43
par Bertrand S
Voici des paroles pour le 11 novembre
"Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le coeur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.
{Refrain:}
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.
{au Refrain}
C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.
{au Refrain}
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau "
La chanson de Craonne, chant anonyme des mutineries de 1917
Au fait saviez-vous que la musique de la "Chanson de Craonne" est la musique de la chanson du XVIIIème siècle "Le roi a fait battre tambour"

Posté:
jeudi 16 novembre 2006 - 18:40
par Inthebox
Dans la veine des "Soliloques du pauvre", de Jehan Rictus, cette chanson...
Allez, à mon tour, avec cette surprenante chapelle Saint-Eloi consacrée aux morts de 14-18, à l'intérieur de la collégiale Notre-Dame de Semur-en-Auxois. (Elmarit 24 - Gold 400)


Posté:
jeudi 16 novembre 2006 - 18:53
par jean-pierre P.
CRAONNE, offensive du Général Nivelle d'avril 17 : 40 000 morts et 80 000 blessés en deux semaines.
Bertrand S a écrit :
Au fait saviez-vous que la musique de la "Chanson de Craonne" est la musique de la chanson du XVIIIème siècle "Le roi a fait battre tambour"
J'avais pourtant lu quelque part que
La chanson de Craonne a été plaquée sur une musique d'avant la guerre 14 composée par Adelmar Sablon,
Bonsoir m'amour.

Posté:
jeudi 16 novembre 2006 - 18:57
par oatlan
Superbe et émouvante série
Si certains d'entre vous ne le connaissent pas, je vous conseille la lecture de "C'était la guerre des tranchées" de Tardi. Cet album montre l'immense détresse de ces hommes, la bêtise des hauts gradés et l'absurdité sans nom de ce qui fut une immense boucherie.
D'autres images (dessinées celles-là) qui viennent compléter les superbes photos de Paradoxal.

Posté:
jeudi 16 novembre 2006 - 18:59
par jean-pierre P.
bêtise certes, mais aussi énormément de mépris pour le petit peuple.

Posté:
jeudi 16 novembre 2006 - 20:13
par marielle
Si on en est à conseiller des livres : "Le feu" d'Henri Barbusse, écrit en 1915. Tout y est déjà. Un livre à vous retourner les tripes pour longtemps !

Posté:
jeudi 16 novembre 2006 - 20:22
par Bertrand S
Je conseille également "La peur" de Gabriel Chevalier
Un livre terrible également

Posté:
vendredi 17 novembre 2006 - 0:07
par Paradoxal
oatlan a écrit :
Si certains d'entre vous ne le connaissent pas, je vous conseille la lecture de "C'était le guerre des tranchées" de Tardi.
Moi aussi j'ai ce livre. Il est désespéré dans ses textes et ses images. Il faut le lire et le faire lire.
Ceci dit, merci pour vos commentaires et vos ajouts.

Posté:
samedi 18 novembre 2006 - 16:53
par Paradoxal
oatlan a écrit :
Si certains d'entre vous ne le connaissent pas, je vous conseille la lecture de "C'était la guerre des tranchées" de Tardi. Cet album montre l'immense détresse de ces hommes, la bêtise des hauts gradés et l'absurdité sans nom de ce qui fut une immense boucherie.
Voici la couverture de ce livre. C'est on ne peut plus explicite. Et comme dans ma série de photos, des hommes des deux camps sont dans un même trou.
