brabam a écrit :
par contre, je suppose que dans le milieu du son, on ne s'embête plus avec une bande magnétique et des amplis à lampes ?
Pour ne pas faire du hors-sujet, je commenterai ton propos en gardant un lien avec ce fil que est, somme toutes la conservation des fichiers numériques / informatiques.
On fait du "numérique" au son depuis plus longtemps que dans le monde de la photo ou celui de l'image animée.
Au départ, les enregistrements numériques (PCM) étaient réalisés sur des cassettes vidéo de type "U-Matic" et parfois "VHS".
Le son analogique était converti en numérique et le signal obtenu pouvait s'apparenter à un signal vidéo. C'était en "U-Matic" que se trouvaient les "Master" qui servaient à la réalisation des CD.
Des sociétés étaient spécialisées dans les opérations de "mastering" des CD. Elles devaient travailler avec une licence octroyée par Sony.
Il y en avait une seule en Belgique, avec laquelle j'ai eu l'honneur de travailler.
Il y a eu ensuite un nouveau format d'enregistrement: la "DAT", qui était une toute petite cassette fragile et destinée au départ au grand public mais les professionnels s'en sont emparés.
Ces supports étaient sujets à une usure, qui générait des erreurs de lecture. L'accès aux différentes portions du support était "linéaire", c'est à dire qu'il fallait bobiner pour atteindre l'une ou l'autre piste.
Fin des années 80, début des années 90, des ordinateurs "spécialisés" sont apparus et ont simplifié les opérations de montage, de mixage et de traitement.
D'une certaine façon aussi les supports "source" se sont "dématérialisés".
C'est à ce moment-là que se sont posés les premiers problèmes de "backup" / de sauvegarde.
En effet, les disques durs étaient loin d'être immenses et il fallait "faire de la place" d'une session d'enregistrement/de montage ou mixage à l'autre.
Certains utilisaient des disques optiques, d'autres des cassettes DAT formatées pour recevoir des données. L'accès à ces supports de sauvegarde se faisait via les stations de travail audio. Pour cette raison, et indépendamment du fait que les supports physiques ont pu se détériorer, il est compliqué d'y avoir encore accès si on n'a pas maintenu en fonctionnement ces volumineuses stations de travail à l'électronique largement dépassée.
Peu à peu on a gravé des CD. C'est mon cas (je gère une sonothèque de 75000 sons). Mais il s'avère que certains CD enregistrables deviennent illisibles après une petite dizaine d'années. Idem pour les DVD. Les DVD-RAM semblent plus fiables.
Bref, à part dupliquer tous ces fichiers sur plusieurs disques durs et recommencer ces copies à intervalles réguliers sur de nouveaux disques, il n'y a pas pour l'instant de système "courant" pour le grand public qui garantisse une conservation des données à travers le temps sur de longues périodes.
A noter que pour mon activité professionnelle dans le domaine du son, il est courant de générer une petite dizaine de Gb par jour de travail.
Ca représente vite des volumes et des temps de transfert importants. Surtout si on ne fait pas ça au jour le jour.
Il m'est arrivé plusieurs fois d'être confronté à des disques durs qui deviennent illisibles ou qui tombent en panne. Dans ce cas il vaut mieux oublier la récupération de données et recourir à une sauvegarde...
pour ce qui est de la bande analogique et des appareils à tube (lampes), bien sûr qu'on s'en sert encore. Le plus souvent pour "humaniser" le signal numérique. Ajouter de la "chaleur" disent certains. Des distorsions "harmonieuses" disent les autres.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas intéressant de "jeter" tout ce qui précède l'arrivée d'une technique "révolutionnaire".
Souvent ces technologies n'ont que peu de rapport avec l'émotion contenue dans les "contenus" qu'ils soient sonores ou visuels.
Brel chantait dans des micros très imparfaits et à des époques où la technologie audio était très loin de ce qui se fait maintenant (et pour beaucoup moins cher). N'empêche qu'il fout des frissons à pas mal de ses auditeurs. Et les techniciens de l'époque recherchaient la perfection au moyen d'instruments qui nous apparaissent maintenant comme "rustiques".
J'ai choisi de garder en état de marche pas mal de machines des années 50 à nos jours afin de permettre la lecture et la numérisation d'oeuvres ou d'archives.
Vous n'imaginez pas le plaisir que ça procure de pouvoir lire et numériser des archives familiales en regardant une bande tourner sur un Grundig de 58 tandis qu'on lit la description du contenu sur la boîte.
De la même époque j'ai des photos de famille dans une boîte à chaussures ou des albums.
Je ne suis pas sûr que dans 50 ans ce sera aussi "poétique" avec nos disques durs (FAT 16, FAT 32, NTFS, "MAC", "PC"...) et surtout très simple de faire le tri dans tous ces fichiers.
Il y a un solide travail à réaliser pour les informaticiens.
En attendant, faites réaliser de jolis tirages!