En voyant le sujet, j'ai pensé qu'il s'agirait d'une tentative de portrait du bateau ensablé.
Tes sujets sont centrés dans le cadre, au mépris des règles de composition classiques. Il en ressort un sentiment très statique: on est affolé de ne rien trouver dans l'image qui nous emmène vers un ailleurs: ici, pas d'évasion, le piège se referme sur le spectateur, prisonnier de tes compositions comme un poisson dans son bocal. On s'ennuie, il n'y a rien à voir; c'était bien évidemment ton but.
Isolé d'une série de plusieurs centaines (?), ce lampadaire des années 70 laisse présager le spectacle d'un front de mer défiguré par le bétonnage balnéaire enragé de l'époque et pose la question de l'illusion de ces villes temporaires. On devine des murs défraîchis derrière des rangées de boîtes aux lettres sans nom, dont on se demande l'utilité -qui peut bien adresser du courrier ici? Et à qui? Les parkings infinis répondent à un horizon où l'on n'arrive pas à se perdre et interrogent la notion même de vacances. Ces mirages surgis en plein désert ne sont-ils pas que des fantasmes? Quelle est la part du rêve?
Ton travail, très juste, évite le piège de l'illustration: il interroge et dérange le spectateur. Il est de très grande qualité.





