On connaissait la plupart des photos d'après les livres et diverses publications... mais l'examen de tirages (en particulier les vintage) dégage toujours une émotion particulière. L'excitation était doublée du partage avec les Amis... Un grand moment, donc.
Je suis d'accord avec Liv pour ce qui est de l'émotion, pas d'accord pour ce qui est des cadrages : à mon avis ils sont radicalement orignaux pour l'époque et souvent parfaits du point de vue de la géométrie.
Pourquoi originaux ? Parce que les vues en plongée, courantes ici, étaient rares avant HCB. Sans parler des photos au niveau de la table etc... La vue en plongée légère permet d'avoir une maximisation des perspectives en intérieur avec un 50 mm.
Il y a aussi le fait que les photos ne sont jamais posées et que les regards sont souvent à côté ou au-delà de l'appareil... Malgré cela c'est incroyable ce qu'ils dévoilent de la personne. C'est vraiment troublant. Sans parler des attitudes (bras levés ou tirés, jambes croisées etc...). Mike devrait s'en inspirer...
Du point de vue de la géométrie, la chose la plus importante et la plus caractéristique, à mon avis, c'est que le visage est petit, relativement peu important en surface dans ces négatifs, alors qu'ils en donnent pourtant une perception fulgurante. On remarque aussi qu'il y a beaucoup d'espace au-dessus de la tête, même pour les vues en plongée (le portrait de Mauriac, par exemple), ce qui impose un sacrifice radical de la partie la plus 'académique' du portrait : le buste...
Le contraste des épreuves est inversement proportionnel à leur âge. Les hautes lumières des épreuves les plus anciennes sont carrément passées (oxydation des sels ?). Les tirages récents sont les plus durs (toute proportions gardées : on est à la fondation Cartier-Bresson, autant dire le temple du gris !). A mon avis, les plus beaux tirages sont ceux des années 50. Certains tirages de photos très anciennes (années 30, celles d'avant le Leica : la Pologne notamment) ne sont pas d'époque... Mais tout ceci est indiqué dans les cartels.
A propos des cartels, on regrette une légende trop squelettique, alors qu'il y aurait tant à dire sur ces photos (et qu'on prend plaisir à rester longtemps à regarder chacune). Il faut dire qu'il y a là une sacrée galerie de gens célèbres !
L'éclairage est globalement très bon, je trouve ; en adéquation en tout cas avec la densité des épreuves.
J'en profite pour rappeler que la biographie d'Assouline est passionnante et que le livre incontournable pour "comprendre" HCB à l'appui de ses photos est la thèse de Jean-Pierre Montier, récemment rééditée chez Flammarion. C'est vraiment un chez d'oeuvre d'analyse esthétique :
