summilux.net

Alors du coup, qu'est-ce qui motive le clique à un instant T? Une pulsion? Le sentiment d'être habité par HCB l'espace d'une nano-seconde?
C'est clair qu'au grand format, c'est une toute autre histoire.. On prend son temps, on peut revenir plusieurs fois sur le même lieu avant de se décider. On ajuste et rectifie..

Toi qui fait des portraits, tu dois bien savoir qu'à un moment arrive "un je ne sais quoi" qui fait que c'est la bonne, non ? ça concerne une ou deux photos sur la séance, mais arrive un moment où les barrières mentales tombent (photographe et modèle) et où "ça se fait tout seul" sans trop savoir pourquoi.

Grand ou petit format, ça ne change pas grand chose. Il m'arrive souvent, en GF de poser mon matériel et de taper la discut pendant 2-3 minutes afin de faire oublier le matos, je laisse prendre la sauce; ça marche toujours, faut juste être attentif à l'autre, très concentré tout en étant décontracté, c'est le plus dur, puis ratraper le coup quand on le sent arriver, ce petit moment.

Exemple à la 8x10 ;
IMG_0001 by Mathieu Bauwens, sur Flickr

En reportage par contre, c'est beaucoup plus difficile (mariage, voyage) et un petit coup de chance n'est parfois pas de trop... (ou une rafale à 18i/sec )

Bonjour,

La photographie est très frustrante si on la pratique avec une certaine règle (je veux dire pas comme certain marché par exemple qui pousserai à extraire une image d'une capture vidéo).

Partant de là et intégrant cette contrainte, je fais ici un résumé de mon rapport aux moments non figés :

- Quand je n’ai pas mon boitier, je vois des photos toutes les secondes. Quand il m’accompagne, j’en vois parfois une mais je déclenche trop tard !
Mais je persiste tant l'acte et les rapports humains qui en découlent me comblent.

Évidement la chambre demande une autre rigueur mais qui n'est pas moins exigeante à mon gout. Elle fait appel à d'autre compétences.

Sachant maintenant tout cela, je me mets moins la pression et navigue souvent à l'instinct. Le gros du travail est devant sa planche contact : l'editing. Et là c'est une autre paire de manches....

Arnaud

quel bonheur de voir que d'autre se posent cette question !!
ouf suis pas seul !
frustré très souvent quand je pense avoir bien cadré bien déclenché et au bon moment !
agréablement surpris par les accidents l'inattendu, et les prises volées a la volée...
donc je me laisse de plus en plus faire par l'instinct une fois une lumière repérée ou un lieux. reste a savoir ce qui va s'y passer ... j'adore !

Oulala, il semble que Pierre Moscovici fasse un peu de gras à Bruxelles !

Pour le reste, n'étant pas pro, je ne déclenche que quand je le "sens" (sans petite montée d'adrénaline: pas de photo) mais avec plus ou moins de bonheur je dois dire, ... à la réflexion plutôt moins ...
En tous cas, c'est drôlement bien de ne pas disposer de carte mémoire avec plein de gigas.

Itou.

Là, je parle pour nous.
36 poses, ça aide à nous concentrer, non pas sur la bonne image, mais sur la bonne connexion avec les personnes avec qui l'on travaille. Avec la personne qui est en face de nous. La photo devient secondaire. Plus un prétexte à une belle rencontre qu'à des fins éditoriales/commerciales/etc. Du coup, le clic est rare, mais a peut-être plus de valeur, en un sens..
Travailler à deux, c'est aussi avoir la possibilité, non pas d'assurer les prises de vue, mais plutôt faciliter notre sujet à laisser tomber sa garde plus vite. A travers une vraie discussion, captivant l'attention tandis que l'autre capture le moment juste. Une vraie collaboration rompant le cadre sujet/photographe.
36 pauses, c'est ne pas avoir d'écran, et donc garder les yeux sur qui est en face de nous, de ne pas rompre la connexion, de ne pas chercher à éditer tout de suite, à corriger, et à inciter l'autre à s'auto-corriger d'après un preview d'écran. C'est ouvrir la porte à l'inattendu, à la tombée du masque, à la folie, à l'émotion non contrôlée..

Le début de ce fil de discussion me rappelle une interview que j'avais vu de HCB qui disait (en gros) :

"J'utilisais en général le 1/125e de seconde... je ne dois ma notoriété qu'à 3 ou 4 photos donc que quelques secondes de ma vie".

Tout ça pour dire que oui, on doit en rater pas mal de chouettes moments mais bon... on peut pas être partout. Et puis pour quoi faire ? Même Google n'arrive pas encore à enregistrer tout ce qui se passe dans le monde à chaque instant !

C'est amusant, William Klein a dit quelque chose de fort similaire.

Citations de photographe comme ...Confucius ! :

dont un extrait suivant

Georges-Bernard Shaw : « Le photographe est comme la morue qui pond un million d'oeufs afin qu'un puisse éclore. »

...
Roland Topor : « On reconnaît facilement le photographe professionnel au milieu d'un troupeau de touristes : c'est celui qui cache son appareil. »

...
J'aime bien celles-ci de Robert Doisneau

- « Quand on est prisonnier de l'image, cela vous donne toutes les audaces. »

- « Suggérer, c'est créer. Décrire, c'est détruire. »

(la suivante vient de ma mémoire)
de Doisneau
- "Si je savais prendre une bonne photographie, je le ferais à chaque fois."

La photo suivante n'a rien à voir avec ces citations

Bonjour à tous,

MikeBrand, les deux questions me semblent radicalement différentes.


La réponse à la première me semble évidente à moi personnellement selon ma pratique mais c'est peut-être différent chez les autres ( ) : non, bien sûr que non, en fait quasiment jamais. Quand c'est arrivé par contre, je crois que je l'ai su immédiatement, il y a un je ne sais quoi qui fait que je savais que la photo était bonne. Encore une fois, cette sorte d"'état de grâce" jouissif entre tous est vraiment trop rare à mon goût ...



Je suis largement ouvert, et j'aime beaucoup ça … quand ça arrive.
Avec la pratique, j'ai du coup tendance à plus préparer mon cadre, à "penser" ma photo … ce qui me permet d'avoir moins de déchets, mais malheureusement aussi moins de photos qui se détachent vraiment.
Plus de photos correctes, mais moins de vraiment bonnes …
Pas facile de passer cette étape et "d'automatiser l'instinct".

Un exemple (pour illustration, non prise au Leica mais au reflex Canon, avec de la Kodak Gold 400) :


Il y a pas mal de choses perfectibles, mais j'avais déclenché totalement à l'instinct, avec le sentiment diffus de déclencher au bon moment sans trop savoir pourquoi - et je continue à le penser. Le problème, c'est comment être capable de reproduire, non pas la photo, mais le geste, cette façon de faire qui "court-circuite" le cerveau ?