Bien…
Je joue le jeu…
Ma manière de regarder les choses est très empirique, je ne suis pas professionnel.
Donc, prenez-le comme tel.
D'autant plus qu'il me semble que Jean-Yves a tout dit.
On juge mieux à mon avis sur ces réductions, qui nous éloignent de la dureté de l'image scannée et du grain "dans la figure" de ces images :
En haut, le summicron R (1976), peut-être, sur cet exemple, un peu trop contrasté au centre (mais est-ce l'exposition, les blancs sont un peu brûlés ?), une définition très homogène sur l'ensemble du champs, et probablement la colorimétrie la plus fidèle sur l'ensemble de l'image.
Au centre, le Zeiss, optique contemporaine (ZM actuel), des couleurs qui semblent plus saturées au centre, une petit chute de définition dans les angles (on perd les détails fins), et une chute des contrastes un peu prononcée.
En bas, l'optique "ancienne", le summicron DR pour M de 1954.
A gauche, l'image est beaucoup plus douce, les noirs nettement moins profonds, les contrastes très en dessous, et malgré tout l'image n'est pas "plate", les modelés sont riches. Dans les micro-détails, la définition semble même un peu meilleure au centre qu'avec les deux autres optiques. C'était le cas de certains 50 de l'époque, et celui-ci était renommé pour cela (Jean-Yves le fait remarquer plus haut dans ce fil). Revers de la médaille, la planéité de champs est moins bonne, et on sent à la fois une légère distorsion, et surtout une forte chute de performance, sur l'image de droite correspondant à une extrémité de l'image. Néanmoins, la douceur de l'image fait que les détails fins semblent moins perdus qu'avec le Zeiss (subjectif, car en fort grossissement, ce n'est pas le cas), malgré une mollesse visible sur les spirales à droite de l'image.
Alors, "signature de l'optique ancienne" (préciser une très bonne optique) ? :
- très bonne performance au centre
- impression de modelés plus riches que sur une image d'aujourd'hui (j'ai bien dit "impression")
- contrastes inférieurs à ceux d'une bonne optique d'aujourd'hui
- fort écart entre le centre et les angles.
Avec une optique de la qualité de ce summicron M de 1954, il faut néanmoins se "lever tôt" pour déceler ses défauts sur un tirage de format moyen. Avec des optiques plus anciennes, même Leitz grande époque, on voit nettement les angles qui disparaissent dans un halo, la définition qui s'effiloche. Les anciennes photos de Doisneau, par exemple, sont pleines de ces défauts.
Enfin, les histogrammes de ces trois images renseignent bien sur leurs caractéristiques :
à gauche, le Summicron R de 1976, au centre Zeiss, à droite, le Summicron M de 1954.
En conclusion :
le Summicron M DR de 1954 est une optique d'excellence de sa génération.
Le Zeiss est une très bonne optique contemporaine, qui manque probablement d'homogénéité. Il est distancé par le summicron R de 1976. On comprend pourquoi Leica garde au catalogue une si ancienne optique (mais il semble que les opticiens de Leitz Canada furent dans ces années à la pointe ; 2/90 extraordinaire, APO 3,4/180…)
Le vieux Summicron est au sommet de ce qu'on savait alors faire (années 1950), avec des défauts de planéité de champs, un contraste en retrait par rapport à ce que l'on obtient de nos jours, et un rendu chaleureux, qui tend à se ternir dans les angles.
Ça vous va ?