cedric-paris a écrit :
Oui c'était le prix il n'y a pas si longtemps. Peut-être est-ce une bulle très récente ou "un soufflé" comme dit a.noctilux. Mais il est possible que cela continue. C'est ce qui est arrivé à certaines montres des années 60-70-80: en leur temps simples outils de travail, elles sont devenues très recherchées et leur cote ne cesse de grimper de manière exponentielle.
Il ne faut pas oublier l'arrivée sur le "marché de l'achat" de toute une génération qui est née à une époque où l'argentique n'existait plus (ou presque) et pour laquelle ce procédé non numérique tient de l'exotisme (un peu comme la découverte des boîtes mécaniques quand on n'a jamais conduit qu'une automatique, en plus extrême). Il faut également ajouter à cela l'émergence de nombreuses chaînes Youtube (anglophones) et blogs spécialisés dans les appareils "vintage" (on n'en finit plus de redécouvrir les optiques russes et les culs de bouteille "
bokehlicious") qui contribuent à faire monter la côte d'à peu près presque tout. Enfin, au sommet de la pyramide, il ne faut pas négliger l'effet "Japan Camera Hunter", qui attise la convoitise de toute une nouvelle génération de collectionneurs. Ajoutez à cela le fait qu'avec le temps, de moins en moins de matériel ancien est fonctionnel, les effets de mode lancés par les
influenceurs d'Instagram et de la sphère médiatico-starsystem (c'est le cas des Contax T/T2/T3 dont les prix ont explosé lorsqu'ils ont été vus dans les mains du rappeur Drake, ce qui par ricochet à remettre sur le devant de la scène les "point & shot" pas cher et pas si ouf que ça), et vous voilà avec un cocktail explosif qui, mécaniquement, fait grimper les prix.
Ici, on ne parle que de Leica (ou très majoritairement), mais aucune marque n'est épargnée. Par exemple, si je prends un basique ultra-basique comme le Canon AE1, il y a 10 ans à peine (enfin, 12 ans) lorsque j'étais en école photo, pour 20 €, on pouvait s'acheter le boîtier, le 50 mm f/1,8, un paquet de clopes et une petite bière. Aujourd'hui, le moindre AE1 sans objectif s'échange aux environs de 100 €, et il n'est pas rare de voir des ensembles AE1 + 50 mm f/1,8 (la version New FD, qui plus est !) autour de 200 €... et pas toujours complètement fonctionnels ! À force de répéter qu'il s'agissait "de l'ensemble pas cher et facile à appréhender pour se mettre à l'argentique", il a fini par devenir victime de son succès, d'où inflation de quasiment 2000 % en 10 ans. Plus rentable que des actions Google ou Amazon ! Quelque part, les Leica M qui eux n'ont augmenté "que" d'un facteur x2 à x4, semblent presque raisonnables.
Du coup, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une bulle prête à exploser. Cette demande là va se maintenir et se renforcer au fur et à mesure que les jeunes générations seront en mesure d'acquérir un matériel argentique qui n'est quasiment plus fabriqué. Des sociétés comme MinT Camera, par exemple, qui reconditionne des Polaroid SX70 et "invente" des reflex bi-objectifs compatibles avec les cartouches Instax, ont tout compris à ce nouveau business. D'ailleurs, si vous voulez un chiffre intéressant : entre 2012 et 2015, en France, Fujifilm a enregistré une hausse de 600 % de son chiffre d'affaire de sa division Instax. Depuis, ils sont continuellement en "
back order" et n'arrivent pas tout à fait à suivre la demande. Ce qui pose cette double question : celle de la légitimité de la fermeture des chaînes de production de certaines émulsions, pour lesquelles il continue à exister une forte demande d'une clientèle prête à mettre le fait, et celle de la pertinence de la réédition d'anciens modèles. Pour ne reprendre que Fujifilm, s'ils rééditaient aujourd'hui le X-Pan ou le Fujica GW690, ils seraient les rois du pétrole. Nikon, s'il sortait une réédition du F originel, comme ils l'ont fait en l'an 2000 avec ses S3 et SP, se referait également une santé. Enfin, le (ou la) petit(e) malin(gne) qui trouverait enfin une solution viable d'un boîtier capable de basculer de l'argentique au numérique, roulerait sur l'or. Car, depuis le DMR, l'électronique a fait bien des progrès, et il suffit de regarder ce dont sont capables Sony, Panasonic ou, encore, Fujifilm (notamment sur son dernier GFX 100s) pour se mettre à rêver d'un tel boîtier...
Bon, voilà, je digresse. La prochaine fois, j'essaie de vous poster une image de mon M4 Black Chrome de 1974 fraîchement acquis (pour guère plus cher qu'un M4 "normal"), histoire de revenir dans la thématique de ce fil