Ce débat n'aura peut-être plus lieu d'être lorsque le prix sera digéré. On se sera fait à l'idée que ce boîtier est exorbitant, mais après tout, chacun des M qui l'ont précédé l'a été. Reste l'usage que l'on en fera, ou non. Et le plaisir de l'avoir, ce qui n'est pas tout à fait rien, quel qu'en soit l'usage, au fond.
Mes observations n'ont aucune valeur de démonstration, mais voici ma toute petite expérience :
- Quand mon M10R est tombé en panne, mon magasin m'a prêté un M262 Monochrom d'occasion, le temps de la réparation. J'ai fait un shooting en extérieur, sans avoir au préalable vérifié les réglages. Une erreur de débutant. En chargeant les images, je me suis rendu compte que ce boîtier avait été configuré par son précédent propriétaire en JPG, pas en Raw/JPG comme je l'ai toujours fait, et j'en ai été très contrarié. Vexé de mon imbécilité. Pourtant, j'ai trouvé la qualité de restitution de la peau - le "rendu" - extraordinaire. Un velouté magnifique. J'ai immédiatement acheté ce boîtier, que j'ai gardé au retour de mon M10R.
- J'ai assez revendu les deux, M10R & Monochrom, pour acheter le M11. Il fallait supporter la dépense. Aujourd'hui, je convertis la plupart de mes fichiers en N&B, comme je l'avait toujours fait avec mes M240, puis M10P, etc., souvent en forçant un peu trop sur le contraste (tout en me reprochant de le faire), ce qui est une vilaine façon de céder à l'air du temps : cette mode finira bien par passer.
Au bilan, quelle conclusion ? Je suis satisfait de ce que j'obtiens, via Lightroom & Photoshop, en N&B, à partir des fichiers de mon M11. C'est, pour moi, l'essentiel. Mais surtout, j'ai le souvenir de n'avoir jamais été autant séduit par la restitution de feu mon 262 Monochrom qu'avec ce premier shooting en JPG : les N&B étaient, à mon goût, parfaits, et je n'avais pas eu, par la suite, le sentiment d'avoir vraiment mieux en passant par le Raw. Ce n'est vrai que pour moi, je n'en tire pas de vérité universelle.
J'ai beaucoup de mal à dire si les fichiers d'un Monochrom sont supérieurs à ceux d'un M "normal" convertis en N&B. Mais j'ai adoré cette surprise devant les JPG, que je n'ai jamais totalement retrouvée, un peu comme le miracle du premier verre d'Yquem ou du tableau dont on a toujours aimé la reproduction et que l'on voit pour la première fois "en vrai" : plus riche, plus intense, plus fort.
Comme illustration, une image de ce premier shooting et une du dernier avec mon M11, ce qui ne confirme ni n'infirme aucun de mes propos : je ne sais toujours pas si j'ai absolument besoin ou envie d'un Monochrom, en tout cas celles et ceux qui peuvent se l'offrir auront forcément raison ! Pardon d'avoir été long...
Leica M Monochrom type 246
Summicron-M 28 mm f/2 Asph.
Leica M11
Summilux-M 50 mm f/1,4 Asph.