Le déclin annoncé des Rencontres d’Arles, suite à la nomination de son nouveau directeur Christoph Wiesner en 2021, n’aura pas eu lieu. Certes, le "Off" a malheureusement disparu et toute l’activité s’est recentrée vers le "In", et en particulier la semaine d’ouverture, mais la programmation 2023 affiche quelques joyaux.

Je ne parle ici que de ce qui a suscité mon intérêt.

À commencer, à tout seigneur tout honneur, par Diane Arbus, à la Tour Luma. Après son décès, survenu en 1971, Neil Selkirk, l’un de ses "élèves", est devenu la seule personne autorisée à faire les tirages de ses négatifs. L’ensemble a été acquis par la Fondation LUMA en 2011, et c’est plus de 450 photos qui sont exposées. Merci Maja Hoffmann !!

Pas très loin dans le Parc des Ateliers, à la Mécanique Générale (toujours la Fondation LUMA), sont affichées des images de Gregory Crewdson. Chacune d’elle aura nécessité une débauche de moyens techniques et humains dignes d’un tournage cinématographique. Mais le résultat est là, troublant, énigmatique et beau.

À l’inverse, les images / repérages réalisés par Agnès Varda pour le tournage de son premier long métrage "La Pointe Courte" sont de simples petits bijoux. On a un peu oublié qu’elle a commencé sa carrière comme photographe. Ça se passe au Cloître Saint-Trophime.

Juste à côté, au Palais de l’Archevêché, est présentée une rétrospective Saul Leiter. Ses photos, en couleur comme en noir et blanc, sont affichées en alternance avec ses dessins et peintures. Elles sont pour beaucoup inédites.

J’ai découvert les photos de Jacques Léonard (1909-1994) au Musée Réattu et à la Galerie Anne Clergue. Son mariage avec une gitane du quartier de Montjuïc, à Barcelone, lui a ouvert les portes de cette communauté fermée, qu’il a su photographier avec simplicité et humanité.

Au Muséon Arlaten sont aussi présentées des images de la communauté tsigane, réalisées cette fois aux Saintes Maries de la Mer, en particulier lors du pèlerinage . Parmi les photographes figurent Sabine Weiss, Lucien Clergue, Martine Franck, Jean Dieuzaide, Lore Krüger….

Trois lieux intéressants et hors des sentiers battus :

À "Ground Control", anciens quais de marchandises près de la gare, est présentée une petite partie du travail monumental effectué par Eric Tabuchi et Nelly Monnier, intitulé "Atlas des Régions Naturelles". Fermes, HLM, PME, complexes agroalimentaires, stations-service… près de 20 000 images sont consultables sur un site Internet.

À la galerie Sinibaldi, rue de l’Hôtel de Ville, un hommage à l’une des toutes premières galeries indépendantes de photographie des années 1980 au Japon : Image Shop CAMP. Un entretien intéressant entre Daido Moriyama et l’une de ses élèves tourne en vidéo.

Enfin, Serge Assier, 77 ans, ancien de Gamma ayant couvert en particulier le Festival de Cannes et ayant connu et photographié de grandes figures du siècle dernier (René Char, Yves Montand, Marguerite Yourcenar, Michel Butor,…..), se lamente sur le devenir de la photographie et la dure vie de photographe : il ne touche plus aucun euro des nombreuses images qu’il a produites, depuis la mise en liquidation de l’agence. Il mérite qu’on aille lui remonter le moral en visitant sa galerie consacrée cette année à la photo de rue. C’est dans la rue Portagnel, près de la place Voltaire.

Pour le reste, environnement et biodiversité sont prétextes à de nombreux épanchements photographiques. N’est pas Salgado qui veut.

J'assume !! Cela n'engage que moi, mais je suis au moins d'accord avec moi-même

Merci ff63 !!

Je reviens de l'exposition consacrée à Frank Horvat. Beaucoup de ces photos sont déjà connues, mais l'ensemble présenté illustre parfaitement l'originalité dont Horvat a su faire preuve pour tous les thèmes et sujets qu'il a abordés. On notera en particulier ses photos de mode, pour lesquelles il a fait poser beaucoup de ses modèles dans des décors incongrus (au milieu des forts des Halles ou dans un restaurant, par exemple) ou en présence de grands noms du monde des Arts, mais aussi celles prises dans des cabarets de strip-tease où il a photographié l'envers du décor. Une belle exposition, qui montre toutes les facettes de ce photographe, dont on peut encore, je crois, visiter le studio à Boulogne-Billancourt, en le demandant gentiment à sa fille Flammetta.
Adresse URL : https://www.studiofrankhorvat.com

Un seul regret : trop de reflets, toutes les images étant présentées sous verre avec un éclairage assez mal adapté.

J'ai commis quelques photos sur un autre fil:

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Anecdote : Je me suis retrouvé à faire la queue (assez courte) derrière un couple franco-américain dont l'homme était apparemment photographe professionnel. Il avait ce que j'ai cru reconnaître comme un M11 en bandoulière, ce qu'il m'a confirmé, tout en précisant que c'était un monochrome. "C'est comme un M6 chargé en Tri-X", m'a-t'il dit. Je lui ai dit que j'avais tâté du Leica M9 et M240 pendant plusieurs années, sur quoi il m'a répondu qu'il n'aimait pas les Leica pour la couleur, leur préférant les boitiers Canon..... No comment.

Toutes les options sont ouvertes, en effet !! Mais ce n'est pas pour tout de suite....

Leica M9 Leica 90mm APO

Voir en plus grand

Merci Robert !! J'aime beaucoup le portrait (#12) et, effectivement, la dernière passe mieux en cadrage horizontal.
J'avais aussi reçu ces invitations mais, honte à moi, je n'ai plus de Leica, bien qu'un argentique 24x36 pourrait me tenter (Leica ?), et je ne me sentais pas de jouer les innocents en participant à l'un de ces ateliers. Je me pose d'ailleurs la question de la prochaine reconduction de mon adhésion aux Amis de Summilux, mais c'est une autre histoire !

P.S. "après-midi" peut être masculin ou féminin, au choix, selon Larousse, et même Littré.

Il y a quand même des clichés numériques qui passeront à la postérité comme oeuvres d'art, non (pas les miens !!) ?

J'ai aussi retrouvé, avec beaucoup d'émotion, des photos de famille (parents, grands-parents, et arrières grands-parents que je n'ai pas connus), dans la cave de mes parents lors de leur décès. Je doute que mes enfants et petits-enfants aillent au-delà de deux générations, et les cartons de photos 10x15 récupérés iront probablement à la déchetterie sans même les avoir regardés voire ouverts. J'en ai bien sûr numérisé presque tout, ne serait-ce que pour un accès rapide. Accès rapide dont on aura vite oublié le chemin....

Il en sera encore autrement des images dont je suis l'auteur. Elles ne franchiront sûrement pas le cap d'une génération.... même tirées sur papier. Seule solution : les encadrer et les offrir, peut-être, comme suggéré par Cédric ?

On débouche là sur une autre question, qui rejoint la proposition initiale de ce post, faire des photos : pourquoi fait-on des photos ? Ce besoin d'appuyer sur le déclencheur, même sobrement, m'a toujours intrigué. Est-ce par obsession de figer le temps et/ou l'espace ? Est-ce pour, justement, espérer que celle qu'on fait à cet instant précis passera à la postérité sans y croire vraiment ? Et je ne parle pas ici, bien sûr, des smartphotographes, dont la seule urgence est de partager sur les réseaux sociaux les dizaines de photos prises lors de leurs vacances ou d'une réunion familiale. Nous n'en sommes pas (encore ?) là, ici, à
Heureusement !!

Merci pour l'information !! Je n'aime pas vraiment Martin Parr, mais le lieu et le projet méritent à eux seuls qu'on le visite.

Pour ce qui ME concerne, je stocke tous mes RAW sur un petit SSD format carte de crédit. Accès extrêmement rapide, et je l'emporte facilement partout avec moi.
Mais je fais régulièrement une copie de tous mes disques (pas seulement celui des photos) sur un DDE plus gros que je mets en lieu sûr hors de mon appartement lorsque je m'absente pour une durée supérieure à quelques jours, et une autre copie de tout sur un autre DDE que j'utilise en Time Machine sur mon Mac. Donc, ceinture et doubles bretelles....
Mais pas de Cloud pour moi, non merci.

Le problème du nuage est qu'il faut avoir une connexion Internet de compétition, surtout si on veut traiter les RAW "en direct" depuis le ciel. S'il s'agit d'archiver sans plus avoir à y accéder rapidement pour traiter et faire des aller-retours avec son logiciel, pas de souci, bien sûr.

Si les taches de corrosion ne sont pas trop nombreuses, les logiciels courants peuvent les éliminer.
Sinon, presse-papier

Il est clair que peu d'appareils numériques (voire aucun) peuvent concurrencer un appareil argentique de ce point de vue. Les Leica encore moins. Peu de professionnels utilisent les boitiers Leica, sauf ceux versés dans le Fine Art. Il m'est arrivé de prendre des photos "instant décisif" avec un Leica numérique, mais c'était juste le fait du hasard.... J'ai aujourd'hui un boitier numérique haut de gamme utilisé par de nombreux pros, et je ne serais malgré tout jamais au rendez-vous avec lui pour "l'instant décisif" !!

Photo Suffren, à Paris ?