Salgado Amazonia

TitaniumM
    Rep : Re: Salgado Amazonia
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rudobra a écrit :
Je pense pas qu'il y est bcp de photographes de son envergure encore en vie aujourd'hui, James Nachtwey, McCurry et...?


Raymond Depardon, Yann Arthus-Bertrand (lui aussi, bien sponsorisé par Canon depuis longtemps...)...
"Une vie sans passion serait dépourvue de sens"
Oscar WILDE
Robert
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J'ai pu voir cette exposition hier.



La carte de l'Amazone montre bien les zones photographiées, finalement peu nombreuses et localisées,
ainsi que les zones protégées, attribuées à certaines tribus, et les zones de déforestation.

La mise en scène est remarquable, dans une grande salle avec de très grands tirages suspendus



Il y a aussi des zones circulaires, évoquant les habitations traditionnelles, avec des photos à l'intérieur et à l'extérieur et quelques vidéos.

On peut donc observer à loisir des paysages somptueux, mers de nuages, fleuves et étendues d'eau, forêts et marécages.
Les grands tirages récents présentent un grain assez marqué accentué par le contraste, très marqué, les fichiers d'origine étant numériques.
On sait que ces images sont fortement manipulées et c'est le choix du photographe.
C'est d'autant plus paradoxal que certaines images plus anciennes, argentiques, présentent moins de grain et jouissent d'une tonalité plus douce.

La plupart portraits sont magnifiques et la beauté de ces peuples est magnifiée.
Cela rappelle le travail de Claudia Andujar présenté à la Fondation Cartier
https://www.fondationcartier.com/exposi ... teyanomami

Une exposition pareille ne laisse pas indifférent et l'actualité y est bien présente.
La musique de Jarre s'avère plutôt pertubatrice. Le silence est d'or, avec ou sans orpailleur.
bedojo
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Une super production hollywoodienne,quoi!...avec les effets spéciaux et tout et tout. Le sol tremble-t-il par moment pour plus de réalisme?

Ce qu'est devenu Salgado, tout de même...
Robert
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Ce n'est pas une région sismique, en principe.

Tu devrais lui envoyer du Jus de Pruno :lol:
cedric-paris
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Robert a écrit :
Cela rappelle le travail de Claudia Andujar présenté à la Fondation Cartier
https://www.fondationcartier.com/exposi ... teyanomami

Merci de cette référence!
Carpe Noctem
Robert
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cedric-paris a écrit :
Robert a écrit :
Cela rappelle le travail de Claudia Andujar présenté à la Fondation Cartier
https://www.fondationcartier.com/exposi ... teyanomami

Merci de cette référence!


De rien. L'histoire de cette femme est peu banale et ses photos, essentiellement argentiques, sont évidemment différentes de celles de Salgado, mais les témoignages concordent.
"+1" de la part de : cedric-paris
rudobra
    Re: Salgado Amazonia
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L'approche est radicalement différente de celle de Salgado, même si pour le coup, le sujet s'en rapproche. Claudia Andujar est entrée beaucoup plus en profondeur dans l'intimité des Yanomami, les clichés sont beaucoup plus immersifs et beaucoup plus centrés sur l'humain. Elle en a d'ailleurs fait le centre de son oeuvre photographique là où Salgado est déjà bien plus dispersé.
Un sujet, deux artistes, deux approches et une sensibilisation commune sur la préoccupante situation actuelle de l'Amazonie...
j'étais à Paris hier, j'ai opté pour Moriyama à la MEP, j'aurais peut être du opter pour la philharmonie...la prochaine fois, sans faute !
Robert
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Effectivement, les approches sont totalement différentes et les moyens mis en oeuvre aussi.
Salgado n'a sans doute jamais mis de vaseline sur les filtres en jouant sur l'aléa.
L'histoire personnelle de Claudia Andujar influence beaucoup son oeuvre et cela n'a rien de surprenant, sans sombrer dans la psychanalyse sommaire.
Cela ne retire rien ni à ni à l'autre. Le témoignage porté a une importante valeur et les derniers portraits faits par Andujar,
en noir et blanc, sont numériques avec un côté glaçant comme celui d'un inventaire.
Salgado a utilisé, comme ses illustres prédécesseurs, un studio mobile avec une simple bâche et les portraits sont très beaux aussi.

Je ne comprend absolument pas le procès qui est fait à Salgado, notamment celui de l'exploitation esthétique de la misère.
Bien sûr, il est à la tête d'une grosse machine et il n'est pas le seul. Et alors ?
Ces témoignages divers (guerres, famines et migrations, désastres écologiques, etc) ont marqué leur époque et resteront aussi sûrement que ceux d'Avedon,
de Penn ou de Sander pour ne citer que ceux là.
"+1" de la part de : cedric-paris, gautier, kikiraider, rudobra
gautier
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Il y a peu de temps, j'ai entendu Salgado à la radio. Il expliquait que son studio restait emballé des jours avant de servir. Il suivait d'abord ses hôtes dans leurs activités / expéditions de chasse ou autre. Ensuite seulement, il sortait la bâche du studio et proposait de faire des portraits.
igemo
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Heu... comparer Salgado à Sander, à part le "s" majuscule au début de leur nom je vois aucun rapport.

Salgado est un habile commerçant qui sait vendre à sa clientèle le produit qu'elle a envie d'acheter. Dans les années 80 l'air du temps était différent, plus léger, donc il aurait vendu autre chose : un pur exotisme teinté de jardin d'Eden ("ah les gentils sauvages, restés purs"), du dépaysement gentillet façon "Geo".

En 2020 mauvaise conscience blanche oblige, Seb nous vend un monde silvaire menacé de disparition, avec le photographe dans le rôle du témoin douloureux qui tente d'alerter les consciences occidentales (baillements).

Bon il est vraiment très fort! :applaudir:

Et sur la pure forme de l'expo je crois qu'il a été (à juste titre) très impressionné par celle de James Nachtwey à la MEP en 2018 (?) : des murs noirs, une atmosphère sépulcrale et une ambiance de fin du monde.
Mais ce qui paraissait sincère et authentique chez Nachtwey (avec des photos parfois insoutenables) passe pour de la mauvaise mise en scène chez Salgado.

Une expo en son THX-Dolby Surround digne des meilleurs films catastrophes des années 70! Attachez vos ceintures! :mrgreen:
"In the future, Russia will be the military center of the world, Iran the scientific center, and China the economic center."
Ebrahim Raisi
Paul
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Difficile de comparer un photographe de guerre à un reporter d’exotisme.
L’admiration que l’on que peut avoir pour Nachtwey, n’implique pas nécessairement que Salgado soit insincère.
Il est habile commerçant certes, dans l’air du temps re-certes, mais est-ce que cela empêche de profiter de son talent de photographe ?
Je pense que cette attente manichéenne du photographe parfait (talent, valeurs, sacerdoce, gentleman...) est vouée à l’échec. Qui sait, peut-être même Nachtwey a-t-il des défauts...
Les Albums des Amis de Summilux.net. L'Album summilux.net 2023 est prêt !
Quelques images persos par ici : npct.fr/photos.
cedric-paris
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igemo a écrit :
Salgado est un habile commerçant qui sait vendre (...). Dans les années 80 l'air du temps était différent, plus léger, donc il aurait vendu autre chose : un pur exotisme teinté de jardin d'Eden ("ah les gentils sauvages, restés purs"), du dépaysement gentillet façon "Geo".

Dans les années 80, Salgado parcourait le Sahel, photographiait les camps et la famine en Ethiopie, au Mali, et au Tchad.
Pour voir "l'air du temps très léger" qui y régnait ses photos sont là:
https://www.amazonasimages.com/travaux-sahel
En effet, les enfants dénutris sont très légers.

igemo a écrit :
Seb nous vend un monde silvaire

On tente "sylvestre"?

Je fais partie de ceux qui ne comprennent pas ces procès. Il fait son job, plutôt bien. Depuis ses débuts avec Médecins Sans Frontières jusqu'à aujourd'hui, les photos de Salgado m'impressionnent et arrêtent le regard. Comme beaucoup, je n'aurais probablement pas entendu parler des mines d'or de Mias Gerais sans ses photos. Des sujets au long cours comme l'exode, les famines, les populations civiles en zones de conflits, les migrations ou la déforestation, sont l'objet de travaux sur plusieurs années. Après plus de 30 ans de carrière, avec le recul qui est le sien, quand il a du succès et se permet de monter une expo ambitieuse avec des moyens, de grands tirages et d'y associer Jean-Michel Jarre, c'est mal. Voudrait-on qu'il fasse une expo mal fagotée avec des bouts de ficelle pour faire plus "authentique"?

Susan Sontag, compagne de la photographe Annie Leibovitz, avait développé sa critique de manière moins superficielle. En 2002, comme quelques autres, elle avait critiqué l'esthétisation de la violence, au sujet des photos en noir et blanc de Salgado et de Nachtwey. Ce reproche s'applique à toute photo qui allie détresse ou violence à la beauté ou l'esthétique, telle cette photo qui a valu le Pulitzer à Javier Manzano (Alep, 2012). Malgré toutes ses qualités, Susan Sontag n'est pas descendue dans les mines du Minas Gerais, n'a pas sillonné l'Amazonie ni rencontré les migrants montrés par Salgado. Elle n'a pas non plus eu à proposer ses photos à des rédacteurs en chef pour pouvoir continuer son travail. Il manque cette légitimité à la plupart des critiques.
Carpe Noctem
dadati
    Re: Salgado Amazonia
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Je rejoins un peu le point de vue d'igemo.

Personnellement, les reportages "pro" à connotations exotiques ont cessé de me faire rêver très exactement en mai 2006 en discutant avec un photographe qui travaillait pour National Geographic à l'hotel du cheval blanc à Sévaré (Mali).
Le gars arrivait d'un autre reportage sur un autre continent. Il avait trois jours pour faire un reportage au pays Dogon. J'ai cru comprendre que tout était préparé (Les Dogons monnayent leurs cérémonies; ils ont finalement bien raison).
Autour du café du petit déjeuné, j'ai vite remarqué qu'il était un peu blasé, au fil de la petite discussion j'ai découvert que ni l’Afrique, ni les gens ne l’intéressait vraiment.
Il m'a indirectement expliqué qu'il était là pour faire son taf et ramener de bonnes images dans le temps impartit, c'est tout.
bedojo
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corse
Loin de moi l'idée de "descendre" Salgado, je mesure combien une telle oeuvre parle pour son auteur. Je garde cependant une certaine lucidité photographique, et mon libre arbitre, sur le résultat qu'il nous propose depuis plusieurs années maintenant. Je n'aime pas du tout le "style" final qu'il donne à ses photos. Celui qui ne remarque pas que quelque chose "cloche" a certainement son esprit critique anesthésié par la cause que ces photos prétendent défendre. Une sorte de "bien-pensance" photographique à laquelle, j'en suis le premier désolé, je n'adhère pas une seule seconde. Je crois en fait que son désir de "marketer" à outrance son oeuvre a déteint sur sa façon de concevoir et traiter les images qu'il nous propose. C'est pour moi dorénavant autre chose que de la photographie, mais je conçois aisément qu'on puisse admirer le personnage, son oeuvre et sa façon de procéder. C'est dorénavant un monument et je suis contre le déboulonnage des statues...
"+1" de la part de : cedric-paris
cedric-paris
    Rep : Re: Salgado Amazonia
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dadati a écrit :
Je rejoins un peu le point de vue d'igemo.

Personnellement, les reportages "pro" à connotations exotiques ont cessé de me faire rêver très exactement en mai 2006 en discutant avec un photographe qui travaillait pour National Geographic à l'hotel du cheval blanc à Sévaré (Mali).
Le gars arrivait d'un autre reportage sur un autre continent. Il avait trois jours pour faire un reportage au pays Dogon. J'ai cru comprendre que tout était préparé (Les Dogons monnayent leurs cérémonies; ils ont finalement bien raison).
Autour du café du petit déjeuné, j'ai vite remarqué qu'il était un peu blasé, au fil de la petite discussion j'ai découvert que ni l’Afrique, ni les gens ne l’intéressait vraiment.
Il m'a indirectement expliqué qu'il était là pour faire son taf et ramener de bonnes images dans le temps impartit, c'est tout.

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