Posté: jeudi 1 juin 2006 - 10:02
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Tu aurais pu nous parler de ce cher Fernand!La rive bâtie nord du Vieux Port de Marseille (bas du quartier du Panier) a été démolie pendant la guerre, dans des conditions effroyables : les immeubles ont été dynamités en 1943 après expulsion et déportation des habitants.
A la Libération, le jeune Fernand Pouillon a été nommé pour reprendre le projet de rénovation (on parle de rénovation lorsqu'il y a démolition/reconstruction, et de réhabilitation lorsqu'on répare l'existant, comme dans les hauts de l'actuel Panier).
C'est à mon avis un rare exemple d'architecture contemporaine urbaine réussie, et de recherche d'un maillage urbain résolument contemporain adapté à son terrain et à son environnement : un projet d'aménagement qui prend clairement ses références dans le mouvement moderne, mais qui sait créer un lien avec l'existant.
De plus, Pouillon a été un inlassable combattant des filières de construction telles qu'on les a conçues en France depuis les années de reconstruction, niant les techniques et matériaux traditionnels, et imposant le béton armé et préfabriqué comme matériau unique. Son magistral alignement sur le port, en pierre de taille, rythmé par une solide ossature ajourée de loggias, me semble exemplaire.
On est là à contre-courant total de la démarche Corbu ; génial plasticien, architecte hors-norme, mais aussi épouvantable théoricien d'un urbanisme nouveau dont le simplisme ferait sourire s'il n'avait pas eu trop d'écho dans nos malheureuses ZUP.