Reportage à l'hôpital : des nouvelles !

Règles du forum "Travaux des summiluxiens" :
Avez-vous un travail qui vous tient à cœur et dont vous voulez faire part, comme une exposition, ou une publication ? :content:
Souhaitez-vous proposer vos photographies à la vente ? Présentez-les ici.
Polo
Avatar de l’utilisateur
Membre des Amis
Messages : 1779
Depuis le 7 mars 2006
Bourbonnais
Petit à petit, l'oiseau fait son nid et le reportage son chemin (même s'il est peut-être différent du chemin initialement prévu).
Polo
marielle
Avatar de l’utilisateur
Spécialiste
Messages : 2825
Depuis le 4 juin 2004
Paris
3 ans plus tard, un nouveau reportage à l'hôpital, dans le même service de réanimation cardiaque néonatale, réalisé sur plusieurs mois.
Ce n'est pas tout au Leica : Certes, il y a du M8, mais aussi du Nikon D700 et du Nikon F3.
C'est à voir ici

Merci de vos commentaires.

Le reportage précédent n'a finalement été publié nulle part ailleurs que dans le Journal des Hospices. Je ne désespère pas - mais il faudrait que je m'en occupe plus sérieusement, et sans doute avec ces nouvelles photos en couleur...
Olivier S.
Habitué
Messages : 938
Depuis le 23 mai 2007
Région Poitiers
Je me permets de trouver que les dernières séries sont plus profondes que les premières. Plus mûres. Je trouve la photo 120 particulièrement émouvante par son sujet et sa composition.
A bon chat, bon rat !
marielle
Avatar de l’utilisateur
Spécialiste
Messages : 2825
Depuis le 4 juin 2004
Paris
Voici un article reçu ce soir dans mon courrier (adressé à tous les cardio-pédiatres de France) : en prime une photo faite par Gautier !!!

Il est question, dans l'article, d'un Raymond Turpin. Y aurait-il aussi un lien avec notre LaurentT ???
Ce serait une sacrée coïncidence, non ?


"Ceux qui ont fait la Cardiopédiatrie française

Marthe GAUTIER



Photo Gautier BARTOLI




À la question "Peux-tu rédiger une note biographique sur une personnalité qui a marqué la cardiologie pédiatrique française de ces dernières décennies ?" ma réponse a été immédiate et enthousiaste : Marthe Gautier.

Non seulement parce qu’elle m’a tout appris de cette étrange discipline qui, dans ces années, faisait surtout appel à des extraits de fleurs et de la compassion, mais parce qu’elle m’a transmis une forme d’humanisme et de tendresse n’excluant ni la rigueur ni cette tension vers ce qu’il y a derrière l’horizon qui est la marque des plus grands scientifiques. Et c’est pourquoi je la considère comme une des pionnières de la cardiologie pédiatrique au même titre que d’autres femmes un peu avant elle comme Maude Abbott ou Helen Taussig ou dans le même temps qu’elle en Europe.

Fille de la terre née au mitan des années vingt, rien ne lui sera simple ni typique au long d’un parcours professionnel pourtant exceptionnel. Études de médecine dans le Paris de la guerre qui va lui ravir sa sœur aînée admirée et tant aimée, concours hospitaliers peu ouverts aux femmes (dont il faut rappeler qu’elles n’ont pas encore le droit de voter) mais qui lui sourient et lui offrent un Internat de pédiatrie couronné par une thèse sur l’étude clinique et anatomo-pathologique des formes mortelles du rhumatisme articulaire aigu et par une bourse d’études au Children’s de Boston, la déjà fameuse école de Harvard où un certain Alexander Nadas fondait la cardiologie pédiatrique moderne et où Benedict Massel faisait référence en matière de RAA. Elle s’abreuve de connaissances, construit sa base de données sur les routes d’Amérique et, petit supplément au programme en forme de clin d’œil du destin, exerce le travail de technicienne dans un laboratoire de culture cellulaire dont elle acquiert la maîtrise.

Retour à Paris en 1956. Clinicat à Trousseau chez Raymond Turpin, ce qui n’était pas prévu, sauf, encore, par le destin. Mais, passons, un service de Cardiologie Pédiatrique confié à Jean Nouaille s’ouvre à Bicêtre où elle est attendue et où elle va réaliser son rêve : s’occuper des enfants souffrant de maladies cardiaques. Tout cela a l’air simple et linéaire. Mais les choses s’accélèrent sous forme d’une aventure scientifique que Marthe va conduire dans la solitude mais avec une volonté aussi farouche vers un succès retentissant. Comme elle sait cultiver les fibroblastes, que la comptabilité des chromosomes humains est en plein débat et que Turpin se demande si le mongolisme ne serait pas associé à une anomalie chromosomique, elle propose de monter un laboratoire de culture cellulaire, le fait dans des conditions qui font penser aux romans de Dickens et qu’elle raconte elle-même1. Ses connaissances, sa rigueur, son indomptable détermination font fi d’une accumulation d’obstacles incroyable et le jour vient où la découverte s’affiche sous le vieux microscope : toutes les cellules des mongoliens ont 47 chromosomes au lieu de 46. Quelle sensation ! Et les embrouilles vont commencer car las de lire dans les lignes de la main des mongoliens, un élève de Turpin, Jérôme Lejeune, va soudain s’intéresser à ladite sensation et se rendre coupable d’un vol scandaleux2 : pour le monde entier, il se présente comme le "père" de la trisomie 21 et il semble que la route du Nobel ne lui ait finalement été barrée que par les chaînes qui lui servaient à s’attacher aux tables de gynécologie pour protester contre la loi Veil sur l’interruption de grossesse.

Revenons à Bicêtre, à la cardiologie des enfants et au vrai métier de Marthe. Quatre-vingt-dix lits sur trois étages. Au début, on y assistait surtout les fins de vie des jeunes enfants souffrant des séquelles valvulaires du RAA. Il y avait bien une petite crèche au deuxième étage, une dizaine de berceaux, là encore pour choyer et accompagner les quelques nouveau-nés qui avaient échappé à la sélection naturelle des premiers jours. Marthe était leur marraine et rageait de ne pouvoir leur offrir qu’une infinie tendresse. Il était évident que la cardiologie pédiatrique devait commencer par s’opposer à cette impitoyable sélection et que le moyen en était la chirurgie cardiaque. À Paris, la chirurgie cardiaque des années 1960, c’est surtout l’école de Jean Mathey à l’hôpital Laennec d’où émerge Georges Lemoine avec qui elle noue une complicité des jours et des nuits. C’est à cette époque, que je fais la connaissance de cette grande femme au regard passionné, sourire dévastateur et chignon oxygéné. Je l’aime dans l’instant et je passerai 18 mois à l’aimer sans réserves, l’écouter, m’abreuver à mon tour, subir parfois, partager toujours, partager l’envie de savoir, de soigner pour de vrai, guérir de plus en plus. J'ai aussi compris combien l'équilibre d'un service hospitalier tenait à la qualité des relations humaines entre ses différents membres: c'était le cas entre Marthe et ses complices, Philippe Lucet, Jean-Noel Mercier, Jean Fidelle. C'est alors que tout le personnel infirmier donne le meilleur de lui-même avec son affection. C’est l’époque d’avant les ultrasons, d’avant les prostaglandines, celle des cathétérismes dangereux et aléatoires et il faut, enseigne-t-elle, d’abord comprendre les cardiopathies congénitales par la dissection et l’analyse des pièces anatomiques, ce qu’elle fait à merveille, puis utiliser toutes les ressources de la clinique et des seuls examens disponibles, radio et ECG. Combien de fois, le jeune Interne de garde que j’étais lui ai-je envoyé rue de Douai par taxi une radiographie de thorax encore humide et agrafée sur son cadre, et attendu que le taxi revienne avec ce mot : "Blalock droit" ! Car sous son impulsion, la chirurgie démarre, palliative d’abord, en urgence souvent, le jour, la nuit. Les bébés Fallot survivent, les bébés transpositions survivent, les CIV à gros débit du nourrisson survivent, les coarctations s’opèrent et survivent. Bientôt la chirurgie à cœur ouvert s’invite à la fête, d’abord pour les grands, puis pour les petits, de plus en plus jeunes. Les valvulopathies s’opèrent et le RAA est éradiqué. La cardiologie pédiatrique passe du compassionnel à la haute technologie, des rhumatisants aux congénitaux et Marthe s’investit de plus en plus dans la recherche clinique, adhère contre l’avis des mandarins de la Cardiologie parisienne mais avec enthousiasme à un petit club de cardio-pédiatres européens, l’AEPC, auquel elle participe activement et qui deviendra la grande Société savante que l’on sait.

La suite de l’histoire manque de romantisme. L’aventure de la cyto-génétique tenait à la fois d’une exceptionnelle réussite et d’un échec. Celle de la cardiologie pédiatrique dont Marthe Gautier était devenue l’incarnation ne pouvait se terminer que par une promotion hospitalo-universitaire et la chefferie de ce service qui était son enfant. Pas les bons titres pour les femmes, pas les bonnes filières, probablement pas le bon moment. Je me sens un peu coupable, un peu honteux d’avoir pris la place qui lui revenait et qu’on a voulu pour moi. Sans doute l’hommage que je lui rends ici tient un peu de l’expiation. Daniel Alagille, notre voisin à Bicêtre, a vite pris la mesure de son talent et lui offre la direction d’un Laboratoire INSERM dédié à l’hépatologie pédiatrique : elle y fera à nouveau un travail biologique étincelant jusqu’à la fin des années 1980.

La fin de l’histoire ne manque pas de poésie. Retour à la terre, retour intermittent à Ocquerre en vallée d’Ourcq où elle peint des fleurs à l’aquarelle et dans une partition à quatre mains chacune d’entre elles recevra le poème d’un vieil ami, pour l’herbier de Marthe. Elle vit toujours et je la trouve très belle dans sa neuvième décennie. J’aime aussi beaucoup ses peintures sur porcelaine. En fait, je n’ai jamais cessé d’aimer cette grande figure de la médecine des enfants et n’ai jamais oublié tout ce qu’elle m’a donné, sans retour, et qui m’a fait grandir et aimer ce métier.


Jean KACHANER
Mai 2010

1. Gautier M. La découvreuse oubliée de la trisomie 21. La Recherche, Paris. 10/2009, 434 :57-9.
2. Gautier M, Harper PS. Fiftieth anniversary of trisomy 21 : returning to a discovery. Hum Genet 2009; 126:319-24.
3. Gautier M, Chevance LG. Flore en pays d’Ourcq. Amarco Éditions, Pavillons
Robert
Avatar de l’utilisateur
Membre des Amis
Messages : 17733
Depuis le 21 déc 2006
Ile de France
Jean Kachaner n'est pas un inconnu non plus !!!

J'ai remonté le fil :oops:... Quel dommage !

Il y a eu un beau reportage sur l'hôpital français de Kaboul par un pro, grand format et en noir et blanc. MAIS, c'était à Kaboul.
gautier
Avatar de l’utilisateur
Administrateur
Messages : 14745
Depuis le 21 mai 2003
Toulouse
marielle a écrit :
Voici un article reçu ce soir dans mon courrier (adressé à tous les cardio-pédiatres de France) : en prime une photo faite par Gautier !!!
Etonnant que cet article sorte ici. Il manque les données techniques : :iboitier: M8 :iobj: Summilux 50 Asph. :wink: Marthe Gautier est ma grande-tante, je vais l'informer qu'elle est là :cool:
Précédente

Retourner vers Travaux des summiluxiens

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant cette section : Aucun utilisateur enregistré et 6 invités