Mai dans le Hoggar

Jean-Yves
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Lille, Paris
Chers amis,

Voici les photos, en exclusivité pour Summilux, du dernier voyage que nous avons fait avec ma femme dans les montagnes du Hoggar central. Je voudrais ici remercier Ric, qui n’a pas été avare de conseils, tant pour le choix du circuit que pour celui de l’agence de voyage. Car il s’agissait d’un voyage à pied, en randonnée chamelière, solution qui laisse très peu de chances à des tentatives en solo.

Nous avons marché 6 jours entre le massif granitique de la Taessa et les sommets volcaniques de l’Assekrem, sur une boucle d’environ 130 km. Ce périple ne donne qu’un tout petit aperçu du Hoggar, dont la superficie égale celle de la France. Ici, point de sable, contrairement aux Tassilis, mais uniquement de la roche nue, déchiquetée ou polie par le vent, à une altitude moyenne de 2000 m. L’altitude est d’ailleurs ce qui nous a sauvés de la chaleur par trop accablante à cette saison déjà avancée (nous n’avons pas dépassé les 40°C à l’ombre).

Notre groupe était constitué de douze personnes, dont la rencontre et la fréquentation ont été pour Béa et moi un vrai plaisir, tant il est vrai que les voyageurs du désert se ressemblent forcément un peu, et ont beaucoup à partager. Cinq Touaregs nous accompagnaient, quatre chameliers et un guide, à la tête d’une caravane d’une douzaine de chameaux, dont quatre chameaux de selle.

Evidemment tout ceci est très pittoresque. Mais a posteriori je ne crois pas que les randonneurs du désert soient attirés par le pittoresque. Ils sont surtout à la recherche d’un bien être mental et physique (les deux combinés dans le contrôle mystérieux des endorphines ?). Ceci laisse peu de place à la photo, finalement, outre le fait que marcher, transpirer sur les pistes, surtout dans cette chaleur, déconditionne assez vite le photographe le plus motivé.

Oui mais le Leica M (ici un MP new), n’est pas un appareil photo. C’est seulement le disque dur de l’œil. Petit, discret, je l’ai utilisé comme au Vietnam, comme ailleurs quand je voyage : toujours au côté, toujours réglé. Il était impossible de ne pas s’user à ranger l’appareil à chaque photo (« vous rendez-vous compte, un appareil de ce prix-là dans la poussière ! »), j’ai donc choisi de l’avoir toujours dans la main ou à l’épaule, comme le chèche sur la tête. Seul le pare-soleil et un filtre UV protégeaient la lentille frontale de l’objectif.

Dans le même ordre d’idée, il était impossible de changer sans arrêt d’objectif (puisque de toute façon je n’avais emporté qu’un seul Leica) ; j’ai donc fait toutes mes photos avec un seul objectif de 35 mm (Summicron IV Germany). Malheureusement, je n’avais pas le pare-soleil dédié (que j’ai depuis acheté à Etienne), mais celui du Summaron f :3,5 et on voit un coin noir aux angles de presque toutes les photos…

Le 35 mm convient bien, à mon avis, pour intégrer la dimension humaine, jusqu’au petits détails, dans un décor grandiose. Au vu des photos, je n’ai pas regretté ce choix…

Sur les 16 rouleaux exposés (5 Fomapan 400 et 10 Efke 100), et développés dans du Calbe A49 pur, j’ai scanné environ 200 photos avec mon nouveau Coolscan V ED, et j’en ai retenu et tchaoupiné sous Photoshop une cinquantaine pour Summilux.

Je dois remercier Zekkar, Mektoub et Coignet pour leurs conseils sur Vuescan et Nikonscan. Les photos ont toute subi un maquillage et une accentuation de gain (à 130) avec un rayon de 0,5.

Après moult hésitations, j’ai choisi, encore une fois, de mettre les photos en ligne sur un seul fil, dans un ordre chronologique, puisque c’est celui du voyage. J’en profite pour dire ici que je n’ai pas fait de reportage, que je n’avais aucune intention, que je me suis juste laissé guidé par l’envie. Il y a un forum spécial « reportages » dans Summilux pour les travaux construits, ce que n’est justement pas cet album.

J’espère que cela vous plaira… Place aux photos !



340-32 : A 20 km au nord de Tamanrasset, on quitte la route d’In Salah et on s’engage sur les pistes d’une plaine très plate, sablonneuse, d’où émergent quelques dômes granitiques, et tapissée de buissons recouverts de poussière. Les voitures sont des Toyota 4x4 anciennes, décorées de tapis touaregs et de gris-gris pendant du rétroviseur. Le chauffeur ne dit rien ; il écoute une cassette de musique traditionnelle, lancinante. Impassible, il paraît immense dans son chèche qui touche presque le toit de la camionnette.


340-33 : Après 10 km de piste, nous faisons la jonction avec notre caravane. Les Touaregs des villes saluent les Touaregs des champs. Je remarque que les chèches des premiers sont blancs, tandis que ceux des seconds sont d’un bleu indigo soutenu, presque noir. Les paquetages sont descendus des galeries, rapidement et sans gestes superflus, pendant que notre guide, Ramran, se présente à nous.


340-36 : Devant le spectacle de cette douzaine de chameaux baraqués et de ces centaines de paquets qu’il faut installer sur leurs bâts, j’ai le sentiment d’un véritable préparatif d’appareillage. Je suis tout de suite frappé par la dimension artisanale des bâts et des effets personnels des Touaregs, contrastant avec les paquets, sacs et ustensiles nécessaires à notre voyage d’occidentaux. Le seul point commun de nos humanités est l’eau, dont nous avons une réserve prise à Tamanrasset, et qui nous permettra de tenir deux jours avant de puiser celle des gueltas.


341-5 : A la première pause de midi, au pied d’un premier sommet volcanique appelé Tanenrout, les Touaregs tendent une toile entre des mimosas pour nous ménager de l’ombre. On installe un pavement de nattes et Anne prépare du sirop de grenadine dans une bassine en inox pendant que nous nous délassons les arpions, les cuillères prêtes à attaquer quelque chose de plus consisant. Ce sera une salade. Je suis surpris, mais pas désagréablement, par la forte odeur de fumée (que mon grand-père appelait « odeur de gourbi ») qui imprègne l’eau et les crudités.


341-9 : Pour la sieste, nous tenons à grand-peine tous dans le carré d’ombre, tandis que les Touaregs discutent au grand soleil en buvant du thé, et que des petits lambeaux de viande de cabri sèchent dans les épines des mimosas. La promiscuité de l’ombre est le ciment qui dès le départ fait de nous un groupe soudé. Ici, on voit Alain à gauche, François à droite, et Pierre (celui d’Aline) en arrière.


341-25 (recadrée) : Le paysage devient progressivement montagneux, un dantesque enchevêtrement de pierriers, où seul l’œil avisé peut retrouver la piste. Il fait très chaud. Lors d’une pose, Anne montre à Béa et Odile le fruit évocateur de l’arbre à glaouis (Calotropis procera, ou torcha en tamacheq du Mali, ou encore tour’ha en tamacheq du Hoggar). Ramran nous dissuade de toucher cette plante dont il dit que la sève peut rendre aveugle.


341-63 : Sur les plateaux basaltiques du Hoggar central, que nous abordons dans l’après-midi, et dont les coupes en falaise montrent leur structure en orgues (voir la photo précédente), se développent des regs, écrasants de platitude. Le sommet qui est au fond (l’Adrar Ejrin) est encore à 15 km et c’est là qu’il y a le prochain pâturage, où nous coucherons ce soir.

Un reg – c’est une sorte de refus de tamis, les sables et les cailloux plus petits que le calibre standard ayant été entraînés par le ruissellement. Les forts vents qui balayent ces plateaux et l’absence totale d’eau empêchent le sable d’y être piégé et de former des dunes. Entre les cailloux, ronds et patinés par le climat du désert, des croûtes d’argiles desséchées, preuve que l’eau coule parfois. Si on regarde avec attention, on s’aperçoit que les pierres sont organisées en amas réguliers. Ceci aurait-il un rapport avec le débit en orgues du basalte sous-jacent, et la production de cailloux au niveau des joints ? Je m’interroge mais le groupe déjà s’éloigne – la photo que je prend me permettra d’y réfléchir plus tard…


342-1 : Le deuxième jour, nous abordons le massif de la Taessa. Les dômes de granite ont des formes rondes, lisses, et façonnées en douceur par l’eau. Dans les failles et les joints du granite, l’eau a creusé de petits canyons, recelant parfois des abris sous roche que les bergers aménagent, comme ici.


342-9 : Ces petites vallées, qui lacèrent les dômes granitiques, ont un fond parfois sableux, marqué à l’évidence par les traces d’une rivière temporaire. On y trouve alors des lauriers roses, preuve que l’eau n’est pas loin dessous (ici, précisément à 30 cm).


342-29 : Derniers granites avant de quitter momentanément la Taessa. Le vent et la pluie contribuent à une érosion des falaises en taffonis (bien connue des corses). Parfois, les formes qui en découlent sont étonnantes…


342-39 : En fin de matinée, nous trouvons sur le bord d’un oued un arbre mort, une sorte d’entrelacs de branches qui ressemblent davantage à des lianes (Anne nous dira de quel arbre il s’agit). Aussitôt, Ramran se met à en extraire des morceaux, qu’il nous distribue d’autorité. « Le bois pour ce soir ». Heureusement que nous sommes assez près de rejoindre la caravane pour la pose de midi. Nous y allons chacun avec une branche sur l’épaule. Ce bois torsadé, gris et soyeux dans sa patine, mais rouge vif dans sa fibre, est incroyablement beau, comme les sont toutes les épaves polies par la déshérence. Pierre et Aline, qui sont artistes, en auraient bien rapporté un morceau, mais… les contingences du nomade ne sont pas celles de l’artiste. Le bois sera brûlé pour préparer la soupe.


342-51 : Nous arrivons bientôt à un vaste abri sous roche, sorte de gigantesque taffoni, qui recèle une magnifique galerie de peintures rupestres, datant de la période bovidienne (c’est-à-dire après les éléphants, mais avant les chevaux des Garamantes). Frustré de ne pourvoir photographier correctement ces peintures, à cause du violent contre-jour, je me rabats sur cet arbre – est-il mort ? A-t-il mille ans ? Il va bien dans le tableau minéral de ces lieux ridés et polis à la fois. Remarquez la similitude des textures avec le granite de l’arrière plan : des rides en volutes…


342-61 : On aborde à nouveau les coulées de lave. Ici, un pierrier parfait : toute la montagne semblant transformée en cailloux ronds et calibrés, comme dans un terril.


342-69 : Nous retrouvons notre caravane pour la pause de midi. Les chameaux ont été débâtés, mais ils restent entravés pour plus de sûreté. Des palmiers sont là, au fond de l’oued. Les chameaux sont friands des palmes.


345-52 : Sieste de Ramran sur un site de peintures rupestres, que nous avons atteint après une rude ascension. On comprend que les Hommes du Néolithique aient choisi ces abris, même s’il leur fallait du courage pour y monter. Comment on a pu mettre au jour ces peintures là-haut, c’est ce qui reste pour moi un mystère… A moins que la mémoire du lieu ait été transmise de génération en génération, plus ou moins obscurément… Je me suis fait la réflexion que le paysage qui s’offrait à leurs yeux devait être verdoyant, au vu des animaux dont ils ont animé ces parois.


346-21 : Le soir même, nous arrivons sur le site de l’Assekrem et nous faisons une première visite à l’ermitage du père de Foucault. Il est impossible de ne pas avoir le souffle coupé devant ce merveilleux paysage de pitons volcaniques déchaussés par l’érosion. C’est le Monument Valley africain. Ici, les moines peuvent avoir une vie contemplative en même temps qu’ils travaillent de leurs mains. Quoi de plus évident, quand l’établi est installé ainsi ?


346-71 : Toujours depuis l’ermitage, une vue vers le sud, dans les derniers instants avant la disparition du soleil à l’horizon.


347-17 : En redescendant de l’Assekrem en compagnie de François, un peu retardataires, entre chien et loup, nous croisons un groupe en vadrouille de chameaux désentravés. Je risque des photos à la Plossu (que je ne poste pas ici puisque Plossu utilise un Nikkormat !). Au bout d’un moment, il commence à faire franchement nuit : les ombres chinoises sont mon dernier recours.


347-19 : Le lendemain à l’aube, deuxième montée à l’Assekrem, où le père Ventura, un des trois prêtres de l’ermitage, nous a donné rendez-vous. La lumière qui vient de l’est est plus dure et plus rasante. L’anémomètre ressemble à un témoin laissé par des explorateurs aux avant-postes d’un nouveau monde.


347-47 : De l’intérieur de l’ermitage. L’ombre et la lumière. La pièce dans l’ombre, à droite, est l’ancien bureau du père de Foucault, dont la fenêtre a été murée en alcôve pour y installer un tabernacle. Un autel s’y trouve, soutenu par de petits prismes de basalte, et les dalles au sol sont recouvertes de tapis touaregs. C’est là que le père Ventura nous a dit la messe, lui-même assis par terre et adossé à la muraille, devant nous qui l’écoutions assis en tailleur. Un moment hors du temps. Sur la photo, on distingue le livre de prière.


347-65 : Départ du bivouac de l’Assekrem : dernière photo d’équipage avant de lever l’ancre (avec autoportrait en bas à gauche). J’ai tourné autour de ce sujet pendant plusieurs jours sans trouver le Graal, mais il en reste des variations qui traduisent mon inclination pour la géométrie. Ici, la diagonale s’appuie sur mon ombre…


348-21 : Deux cultures se croisent... Depuis que nous avons quitté l’Assekrem, nous faisons route à l’ouest, toujours dans un paysage volcanique. Nous rejoignons une route où nous croisons plusieurs voitures. Souvent, c’est l’occasion d’échanger des nouvelles. Toujours dans une grande bonne humeur.


348-24 : Nous croisons aussi d’autres caravanes, ce qui me donne l’occasion de jouer à nouveau avec les perspectives. Comme dans ce face-à-face…


348-29 : A la pause de midi, nous avons descendu plusieurs centaines de mètres sans nous en rendre vraiment compte. La chaleur revient, écrasante. Cela dit, il fait beaucoup plus chaud d’habitude à cette saison. Aujourd’hui, nous ne dépasserons pas 38°C à l’ombre.


349-2 : Dans l’après-midi, Ramran, que répète dans l’azur, comme une ombre, un lointain promontoire trachytique…


349-4 : Le soir venu, au bivouac, j’utilise la lumière rasante et le petit miroir de poche de Béa pour un autoportrait terre à terre, insolite.


349-27 : Le fils de Ramran s’apprête à préparer le thé vespéral (si on peut dire). La lumière du couchant durcit de plus en plus les ombres. Il fait nettement plus frais. La préparation du repas dure environ une heure. Pour les Touareg, ce n’est pas long ; c’est l’occasion de causer, de se délasser autour du feu, le bois en réserve pouvant servir d’oreiller… Ce soir, la couverture fait tôt son apparition. Peut-être parce que la journée a été chaude… Le thé sera bientôt prêt, comme le laissent penser les transversements multiples (pour mélanger le sucre).


349-37 : Le lendemain, nous nous arrêtons un instant à cette mosquée du désert. Les colonnes sont des prismes de basalte, très similaires à ceux que nous avons vu sous l’autel de l’ermitage du père de Foucault. Je n’en avais jamais vu de plus réguliers…


350-5 : Sur fond de la montagne Illaman, les reste d’un chameau qui a fini sa vie sur le bord de cette piste. Solide jusque dans la mort, puisque ses os n’ont pas été dispersés pas les charognards.


350-7 : Non loin de là, une démonstration du rapport entre la coulée basaltique et les orgues dont on a vu plusieurs fois l’utilisation en architecture. Si les Grecs avaient habité le Hoggar, ils s’en seraient donnés à cœur joie.


350-19 : Nous avons cheminé dans cet oued Illaman depuis deux heures (à l’entrée duquel nous avons vu des sépultures, le village restant quant à lui invisible). La pause est bienvenue. Les myrtes qui sont à gauche hébergent des serpents mais nous prodigueront un support pour tendre notre bâche et des feuilles pour préparer la tisane. Encore un portrait de chameau, encore un effet de miroir…


350-21 : Tiens, maintenant que j’ai vu cela, je fais le parallèle entre chameau et dune…


351-3 : Pendant ce temps, la tambouille de midi est en route. Dans le violent contre-jour, les Touaregs, emmitouflés dans leur chèche, sont des Hommes sans visage. Ici, on voit bien la galette de kesra, en phase finale de cuisson.


351-9 : La guerba, dans son aspect de dépouille, intrigue l’étranger, puis le choque dès qu’il apprend qu’elle contient l’eau du voyage. Les liens ferment les pattes comme autant de robinets.


351-12 : Une heure plus tard, nous devisons à l’ombre de la bâche, sous le regard indéfinissable du chameau blanc, pendant que le Touareg fait la sieste à l’écart.


351-15 : Le lit de la rivière ressemble à une autoroute. Le duo des chameaux baraqués fait écho au duo des collines lointaines. On a l’impression qu’ils sont déjà dans les starting blocks…


351-32 : Cet après-midi là, encore une voiture croisée, encore quelques mots échangés, les nouvelles du bled.


352-21 : L’oued s’encaissait de plus en plus. Dans un nouveau défilé volcanique, ces chardons prenaient la lumière….


352-25 : Jeu de lumières sur la paroi basaltique creusée par l’oued. Il faut maintenant progresser parmi les hautes herbes comme dans une jungle.


353-1 : C’est étrange comme la végétation qui manque d’eau a tendance à se tordre sur elle-même. Ici un très vieil olivier au tronc érodé par les crues de l’oued.


353-18 : L’oued se transforme en un plaine d’épandage, très plate. Et je tombe là-dessus. Qui peut le comprendre ? Nous passions, j’étais à nouveau en retard sur le groupe, je n’ai pas pu creuser la question…


354-7 : Le lendemain, avant le départ, nous regroupons les chameaux. Je continue mes gammes sur les correspondances entre le profil des chameaux et celui des montagnes.


354-9 : Tiens, justement !!!


354-13 : Les chameaux sont entravés pour éviter qu’ils ne s’éloignent trop pendant la nuit. Les larges soles de ces chameaux nigériens ressemblent à des sacs remplis d’eau. Système anti-roulis…


354-28 : La caravane est maintenant baraquée, prête pour le départ du matin. Les chameaux les plus faibles ont droit à un peu de kesra, voire à un gavage. Le problème de la kesra, c’est que ça colle aux dents. Rien à voir avec les branches de mimosa.


354-32 : Oura et le fils de Ramran prêts pour le départ. Un clair-obscur au très grand soleil…


354-36 : Dans la matinée, au sommet d’un promontoire, cette omoplate fichée dans un bâton fendu comme une girouette ou un amer…



355-3 : Les traces des soles des chameaux, dans le sable le plus fin depuis le début du voyage.


355-16 : Les mains de Ramran. Le drapé de sa tunique fait écho à celui de la peau des chameaux sur leur corps noueux.


355-21 : Sur le chameau, on est pieds nus. Car ce sont les pieds qui subtilement dirigent la bête. Les sandales et les baskets pendent donc au côté de la selle.


355-22 : Il n’y a pas que les végétaux qui se tordent sur eux-mêmes. La patte de ce chameau semble aussi desséchée d’une branche d’olivier.


355-23 : Monté sur le chameau à mon tour, je tente un autoportrait bressonien…


355-30 : Toujours le thème des correspondances entre le dos du chameau et la ligne des montagnes. Le même ciel pèse dessus, la même érosion est à l’œuvre.


355-34 : Dernière image avant l’arrivée des voitures qui nous ramèneront à « Tam ». Cet amas de bois, de cuivre, de peaux et de tissus imprégnés de sueur, la selle du Touareg et le bât du chameau de trait qu’il accompagne, fétus ficelés par conception, témoignent d’un accord parfait entre l’Homme et son terroir, et symbolisent la résistance possible aux marées technologiques.


355-35 : Par la fenêtre de la voiture, le désert me manque déjà…


355-37 : Dernière photo, dernier rouleau… Sur le marché de Tamanrasset, une criée originale depuis le toit des camions de marchandises… Nous avons dû payer, quoiqu’une somme dérisoire, pour pénétrer dans l’enceinte fermée de cet espèce de caravansérail moderne.

Voilà, ce voyage est fini… Dans trois heures nous reprenons l’avion. C’est dire que nous ne nous sommes pas attardés à « Tam ». Pour, moi, c’était la première fois que je remettais les pieds en Algérie depuis 1971 (j’avais deux ans). Et ce fut un grand choc. J’aimerais traîner mon Leica en solo dans les villes du nord, maintenant. Qui vivra verra…

Bises à tous,
JY
"La perfection des outils et la confusion des objectifs sont deux grandes caractéristiques de notre temps." Albert Einstein.
villegas juan carlos
    merci!
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buenos aires argentine
Jean-Yves,

Merci beaucoup de partager ces (très belles images) avec nous!
bravo :!:

Merci encore pour ceux qui voyagent peu (moi :? ) et qui auraient une grande envie de connaître le désert :idea:
La photographie est la discipline de l'évidence en un millième de seconde de délire. Bernard Plossu
http://barnackla404.blogspot.com/
Jinsong
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Pékin; Chine
SUPERBE VOYAGE ET EXCELLENTES PHOTOS

DES PHOTOS QUI DONNENT ENVIE DE PARTIR :!: :!:

MERCI Jean-Yves
The Desert? It's clean....Lawrence of Arabia
Coignet
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75001
C'est à regarder en prenant son temps, j'y reviendrais donc.
Quel progrès dans les scans ! C'est beau, cuivré, modelé, rien à voir avec tes scans habituels.
Paradoxal
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Belgique
C'est du beau, du grand!
Je ne peux ni ne veux rien ajouter. Sauf une chose, cependant. Tes images ou plutôt leur défilement assez long sur écran fait qu'elles en souffrent. Elles seraient mieux respectées, mises en valeur si elles étaient imprimées. Mais là, on touche à un autre domaine.
Paradoxal
Invité
345-52 (a sheltering sky ?) et 347-47 (ermitage)...
Et ces mots de Nicolas Bouvier, en écho. Adossé à une colline, il évoque cette sensation d'infini qu'offre l'horizon : "Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur"...
"Et on s'empresse de couler cet instant souverain comme un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour"(L'usage du monde, Payot, 123)...
Au labo maintenant ! :wink:
Rainer
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Vannes
....bon, apres avoir regardé ces photos rapidement je vais retourner toutesuite les regarder de beaucoup plus prês. il me semble d'avoir apercu du très grand et puis je reviendra plus tard pour lire ton reportage.

merci pour cet fantastique reportage. au faite Jean Yves, c'est quoi cet vignetage bizarre??
jeb
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Superbe, magnifique, grandiose, puissant, profond, intense, précieux, intemporel, et je ne sais plus quoi encore, devant tant d'art au service d'une vraie densité! C'est absolument remarquable, et je me réjouis d'y revenir quand j'aurai un peu plus de temps. Tout grand bravo!

Ta citation, Nathalie, comme toujours mais ici encore plus particulièrement, vient à point!
Coignet
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Depuis le 5 nov 2003
75001
Rainer a écrit :
c'est quoi cet vignetage bizarre
Il l'a expliqué au début : il avait un pare-soleil pas adapté : trop petit.
michel (proteus)
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Depuis le 8 jan 2005
metz
merci jean-yves de nous avoir fait partager ce voyage
après cette première lecture, je regarderai tes photos avec leur commetaire avec plus d'attention
tu me donnes vraiment envie de décoller demain pour le Hoggar
tes photos sout superbes et le rendu est excellent sur l'écran
le noir et blanc convient parfaitement à ces paysages désertiques
et maintenant, il te reste le travail au labo
:applaudir: :applaudir: :applaudir:
michel
si vous voulez voir l'invisible, observez attentivement le visible
Rainer
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Depuis le 23 fév 2005
Vannes
.....pardon mais j'avais boien prevenu que pour la lecture, il me fallait encore plus de temps que le visionnage, alors merci coignet.......mais des images, encore une fois, il y a du très grand la dedans
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Jean-Sébastien (Focus16)
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Depuis le 28 avr 2004
Montréal
Très belles photos 8) 8)
LaurentT
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Depuis le 9 juil 2003
Ile de France, petite couronne
Magnifique récit, textuel et photographique.
Ma seule réserve, certes de taille :oops: , concerne l'absence de couleur. Le choix du N&B, c'est en effet le choix de l'absence de cette couleur - un parallèle avec Perec (La Disparition) - mais qu'est qui a donc disparu chez Jean-Yves ?? :wink:
Coignet
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Depuis le 5 nov 2003
75001
citation :
un parallèle avec Perec (La Disparition) - mais qu'est qui a donc disparu chez Jean-Yves ??
question d'autant plus piquante que Perec ne pouvait plus écrire son propre nom…
Suivante

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