Voyage au pays des oliviers

Nikoviet
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Blois
Bonsoir,

Je suis arrivé en Palestine par l'aéroport Ben Gourion à Tel Aviv début mai. Pas moyen de faire autrement. Faut passer par Israël pour se rendre en Palestine. Recommandé par le Consulat de France de Jérusalem (la France ne reconnait pas la Palestine mais elle a tout de même une représentation diplomatique pour les Palestiniens à Jérusalem Ouest et elle est seule dans ce cas) pour une mission d'observation en Palestine. Nous avons attendu quatre heures nos visas d'entrée. C'est le tarif minimum. On pouvait s'estimer heureux d'être passé. Fréquemment les autorités israéliennes renvoient directement à Paris ou ailleurs ceux qu'ils estiment "dangereux" pour des raisons de sécurité toujours inexpliquées. En fait, leur seul crime est d'aller voir les Palestiniens. C'est la loterie. Une fois tu passes, une autre fois tu ne passeras pas.
Une fois sorti de l'aéroport, je suis parti en direction de Qalandia (le célèbre check-point) pour arriver à Ramallah en zone A. La Cisjordanie est divisée en trois zones. A, B et C. La zone A est sous contrôle administrative et sécuritaire palestinien (cela n'empêche pas l'armée israélienne d'y pénétrer quand elle le veut). La zone B est sous contrôle administratif palestinien et sécuritaire israélien. Et la zone C est sous total contrôle israélien. Cette dernière représente la plus grande partie des terres de Cisjordanie (62%) et c'est la seule zone possédant une continuité territoriale en Cisjordanie, encerclant et divisant les zones A et B.
Bienvenue en Palestine!



Jérusalem, le 05 mai 2014, jour des commémorations de la création de l'Etat d'Israël. L'aviation de chasse israélienne parade au-dessus de la ville trois fois sainte face au cloché de l'Eglise Luthérienne du Rédempteur située dans le quartier chrétien de la vieille ville. Ce jour de fête pour les uns résonne différemment pour les autres. Les lieux saints des musulmans ont été fermé pour l'occasion. Ni les Arabes, ni les touristes ont pu se rendre sur l'Esplanade des Mosquées.



Hébron se dit en arabe Al Khalil الخليل l'ami, l'intime. Nom que portait Abraham, le patriarche des trois religions monothéistes. Hébron est une ville sainte et une ville colonisée de l'intérieur par 800 colons israéliens protégés par 2000 militaires. Les Palestiniens sont 187 000. Hébron est en zone A mais elle est divisée en deux zones. H1 et H2. Pour passer d'une zone à l'autre il faut obligatoirement passer par un des six check-point spéciaux gardés par l'armée d'Israël. Les enfants d'Hébron sont fréquemment attaqués par les colons. Aux postes de contrôles tenus par des soldats israéliens, il est courant que ce soient des colons et non des militaires qui procèdent au contrôle des papiers . 101 postes de contrôle israélien parsèment le secteur H2 de la ville .



Ici une ruelle de la vieille ville d'Hébron qui mène au caveau des patriarches. La mosquée construite par les Arabes abrite les tombes d'Abraham et Sarah, d'Isaac et Rébecca ainsi que leur second fils, Esaü et Jacob, Rachel et Léa les deux épouses de Jacob. Comme toutes les ruelles de la vieille ville celle-ci est protégée par des filets. Très souvent les colons israéliens jettent leurs ordures ménagères sur les passants Palestiniens. Toutes les colonies en Palestine se situent toujours en hauteur sur des collines ou au-dessus des habitations des Palestiniens.



La mosquée d'Hébron et ici le Tombeau d'Isaac second fils d'Abraham. En 1994, en plein mois de Ramadan, le Dr Baruch Goldstein fit irruption dans la Mosquée, armé de deux mitraillettes et d’un tas de chargeurs de rechange. Il entra dans la salle de prières, en s’écriant « Joyeux Pourim », après quoi il ouvrit un feu nourri. Il massacra ainsi vingt neuf fidèles. Une fois son dernier chargeur vide, il se fit étriper par la foule des survivants. Après le massacre, des voix s’élevèrent, en Israël, demandant qu’on évacuât d’Hébron les colons, mais le gouvernement israélien utilisa le massacre comme prétexte pour punir les victimes: Une moitié de la mosquée fut investie par les Juifs, les fidèles du coin se virent interdits de vénérer le Tombeau d’Abraham, les accès à la vieille ville furent condamnés, des dizaines de maisons palestiniennes furent confisquées et rasées, la rue principale de la ville fut interdite à la circulation des non juifs. Un couvre-feu a été imposé à la ville par l'armée, la rue de Shuhada fut fermée et les deux marchés adjacents au quartier juif ont été fermés et ils le sont toujours.



Jeune boucher Palestinien d'Hébron.



Deux commerçants du souk d'Hébron qui mène à la mosquée des Patriarches.



Des enfants Palestiniens d'Hébron.

Je tenais à commencer par Jérusalem et Hébron (l'ami, l'intime). A Hébron, on peut se rendre compte de ce que le mot colonisation signifie réellement et peu de ville partage son sort. L'actualité au proche-orient nous y emmène en ce moment, depuis la disparition des trois jeunes colons juifs d'Hébron, justement. L'armée israélienne a pénétré la zone A et a arrêté 300 Palestiniens dont une soixantaine d'anciens détenus libérés lors des négociations d'échange entre le Hamas et Israël pour la libération du prisonnier de guerre, le soldat Gilad Shalit.
Plusieurs enfants ont été tués ces derniers jours et notamment à Hébron. Aujourd'hui même, un jeune Palestinien de 14 ans Mohamed Doudine est mort à Hébron tué par Tsahal d'une balle dans la poitrine.

Merci à vous et la suite du voyage très bientôt...
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FRISCO
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CARRÉMENT À L'OUEST
Salut Niko, content de te revoir par ici :D

Merci pour ce beau reportage fort intéressant et captivant tant par les photos que par tes explications.
Vivement la suite ! :D
LE PLANAR C'EST LE PANARD
Bacchus
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Bonsoir Nikoviet,

Merci pour ce précieux témoignage. Les images sont superbes et ces légendes accompagnant le reportage le rendent encore plus fort.
L'ensemble est juste et cohérent et me plaît énormément. Une telle qualité devient de plus en plus rare sur Summilux.
Merci vraiment pour ce partage et oui, vivement la suite.

Amicalement,

H.
Alain Claude
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Oui, vivement la suite. :applaudir: :applaudir: :applaudir:
A.CAMUS : "Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur"
Nikoviet
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Jérusalem l'éternelle. Une ville magnifique avec toutes les contradictions imaginables. Bien entendu, nous avions rendez-vous avec Michel Warschawski de "The Alternative Information Center". Grand militant pacifiste israélien. Les Israéliens ont terminé cette année la colonisation de Jérusalem. Tout le tour de la grande ville est colonisé. A l'Est, secteur palestinien, la colonisation se poursuit de l'intérieur. Il est très difficile pour une famille palestinienne de ne pas céder à l'envie de vendre son bien immobilier tant les prix sont astronomiques et tant la pression du colonialisme est sans pitié. Jérusalem est la ville la plus chère du monde et la plus convoitée. Les Américains achètent sans compter. Ils sont pour la plus part évangélistes et très sionistes. Dès mes premiers pas dans la vieille ville, j'ai été confronté à une scène choquante et somme toute banale. Les lieux saints musulmans avaient été fermé pour la commémoration de la création de l'Etat d'Israël. Alors que la police militaire israélienne contrôlait les Arabes dans la quartier musulmans, de jeunes colons Israéliens, pieds nus, déambulaient en chantant dans les ruelles du quartier musulman aux alentours de l'Esplanade des Mosquées. Il est fréquent et je l'ai vu un autre jour, que des colons rentrent dans l'Esplanade des Mosquées, protégés par la police. Les gamins Palestiniens alors s'attroupent et lui crient en se moquant "Sharon", faisant référence à l'évènement déclencheur de la seconde Intifada de septembre 2000 avec la visite d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des Mosquées. C'est d'ailleurs Ariel Sharon qui fut le stratège de la colonisation en trois dimensions des territoires palestiniens. Israël ne pouvant pas occuper l'entière superficie de la mer au Jourdain puisque les territoires palestiniens s'y trouvent éparpillés, l'ancien premier ministre Ariel Sharon eut l'idée de construire des routes, des ponts, des tunnels partout en zone C permettant aux Israéliens de passer où ils veulent sans jamais croiser ou passer par les territoires palestiniens. Il est facile d'observer cette stratégie à Jérusalem et ses environs. Israël construit d'ailleurs une autoroute qui reliera Tel Aviv (sa capitale officielle) à Jérusalem (sa nouvelle capitale auto-proclamée). La capitale des Palestiniens est Jérusalem. Mais comme nous le savons, Israël a rayé concrètement de la carte cet Etat.



Jérusalem Est. Une des trois entrées du quartier musulman de la vieille ville par la porte de Damas (Damascus gate). On y accède aussi par la porte des Lions (qui sont des léopards sculptés) ou par la porte des fleurs (porte d'Hérode).



Jérusalem Est. Souk du quartier musulman. Le chat de Jérusalem dans un atelier de confection de cuir près de son maître. Les chats sont nombreux dans la vieille ville et notamment sur l'Esplanade des Mosquées.



Jérusalem Est. Une des rues principales du quartier musulman qui mène à l'Esplanade. Comme toujours les drapeaux israéliens flotte au-dessus des maisons palestiniennes colonisées par des Israéliens.



Jérusalem Est. Le Mont des Oliviers et le plus grand cimetière juif du monde.



Jérusalem Est. Mont des Oliviers. Ici une maison qui a été prise à une famille palestinienne par la traitrise d'un Palestinien pour le compte de colons Israéliens. Le drapeau flotte ostensiblement. Il est facile de reconnaitre les maisons palestiniennes des maisons de colons Israéliens. Les maisons palestiniens ont au-dessus des toits des citernes blanches ou noirs pour stocker l'eau alors que les maisons israéliennes ont l'eau courante par voie souterraine. Israël gère les sous-sols de tout le territoire, de la mer au Jourdain.



Au environ de Jérusalem. Voici un exemple de la colonisation Israélienne à l'extérieur de la ville trois fois sainte. Toujours en hauteur, pas de citerne d'eau sur les toit et une protection bétonnée autour de la colonie. Israël a construit des kilomètres de "barrière de sécurité" pour encercler les Palestiniens et protéger les colonies. Ils construisent uniquement des murs lorsqu'ils ne peuvent pas faire autrement, aux alentours des villes par exemple. Leur préférence va vers les barrières de sécurité comprenant une route, des grillages de chaque côtés, un no man's land de part et d'autre et des fils barbelés en plus. Traverser une barrière de sécurité, c'est la mort assurée. Plus personne s'y risque.



Vue de la vieille ville de Jérusalem du haut d'une église.




Jérusalem Nord-Ouest. Quartier chrétien où vivent les Arabes chrétiens de Jérusalem et où l'on trouve le Saint-Sépulcre, la Mosquée d'Omar et le Muristan.
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Alain Claude
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Merci encore, à plus tard pour la suite .
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Coignet
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75001
C'est très intéressant, particulièrement parce que c'est explosif.

Le commentaire manque peut-être de neutralité.
Le parti pris serait plus facile à suivre si l'auteur (ou les auteurs) n'étaient pas anonymes.
Je sais que cela va fâcher, mais je le dis quand-même :
on aimerait savoir qui sont ces "nous" qui ont la possibilité de faire ce voyage, et en gros, pourquoi et dans quel but.

Cela n'enlève rien à l'intérêt de ces images rares qui ont le mérite de montrer l'une des situations les plus scandaleuses de notre époque.
Nikoviet
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Blois
Merci pour vos commentaires et retours. Donc derrière le JE se cache modestement Nicolas Wietrich. Je ne suis pas neutre, heureusement. La neutralité cache des choses et notamment chez certains animaux les attributs de leurs virilités. Donc j'assume mes images et mes propos, sauf erreur qui me serait démontrée et dans ce cas-là je rectifierai volontiers. Une situation est ce qu'elle est lorsqu'on l'observe de l'intérieur. Ne pas le dire c'est ne pas faire son travail. J'ai fait mon travail. Le reste ne regarde que moi. Merci.
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phil66
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perpignan
Superbe sujet,
la neutralité est rarement respecté dans ce genre de reportage.
Les photographes au Vietnam
pendant la guerre de 39/45
En syrie
En ukraine...
Et j'en passe...
Pour moi c'est normal que la photo illustre la pensée du photographe.
Ensuite a moi de chercher la vision de "l 'autre côté " si le sujet m' intéresse.
L' essentiel c'est comme dans ce cas présent, commencer a lire et ne pas pouvoir s' arrêter.
Donc dans mon cas MERCI !
Nikoviet
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Blois
Merci encore pour tous vos commentaires.
Lors de mon séjour en Cisjordanie le mois dernier, je suis parti deux jours dans le Golan syrien occupé par Israël depuis 1967, depuis la guerre des six jours. Israël avait pris Gaza et le Sinaï à l'Egypte (elle a rendu Gaza aux Palestiniens pour des raisons évidentes), Jérusalem et la Cisjordanie à la Jordanie et le plateau du Golan à la Syrie. J'ai passé la nuit dans la ville de Majdal Shams dans le Golan à la frontière avec la Syrie à tout juste trente kilomètres de Damas. Les habitants de cette ville sont majoritairement des Druzes syriens. Vous avez sûrement vu le film "La fiancée syrienne"? Ils sont totalement différents des Druzes palestiniens qui eux font leur service militaire en Israël à l'exception des femmes. Les Druzes syriens se considèrent occupés et partagent avec les Palestiniens, la résistance face à l'occupation et le sort des Palestiniens par rapport à l'emprisonnement découlant de la résistance. Israël a annexé ce territoire en 1981. Cela a été condamné par l'ONU et n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.
Je suis donc passé par le Lac de Tibériade et aussi par un ancien site militaire israélien datant de 1967 sur les hauteurs du Golan. J'ai fait quelques photos dont une que j'aimerai vous faire partager pour une raison particulière. De ce panorama militaire j'étais à seulement 60 km de Damas la capitale syrienne. J'ai entendu de manière répété les tirs d'obus tombants sur Damas, toutes les trois quatre secondes, sans interruption. C'était particulièrement macabre et très troublant comme vous pouvez l'imaginer.
L'actualité nous informe aujourd'hui de la mort d'un Israélien dans le Golan. Les évènements en Cisjordanie sont préoccupants et s'intensifient notamment à Ramallah où l'armée israélienne est rentrée dans le centre ville, entrainant des manifestations et protestations, un jeune est mort d'une balle dans l'oeil.



Ancienne position militaire israélienne pendant la guerre des six jours de 1967 sur les hauteurs du plateau du Golan syrien occupé puis annexé par Israël.

Je reviendrai vers vous prochainement pour la suite de mon voyage.
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Lévo
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Tours
Très bon reportage. Très réussi sur le plan visuel, photographique, et les commentaires, factuels, mettent en lumière un scandale qui perdure depuis des dizaines d'années....
patalout
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Vieux briscard
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Merci beaucoup pour le partage.
Bokhe
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Paris
:applaudir: Nikoviet jolie Regard, et le post-traitement sert bien les images et le propos (loin d'être toujours le cas dans ce que l'on voit) !
...l'oeil est Lumière, surtout au Leica !
Nikoviet
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Blois
Bonsoir et merci à vous,

Jalazone, Jénine, Tulkarem, Askar, Kalandia, Aïda, Dhaishah, Arroub ou Balata ne sont pas les noms de destinations de rêve où cocotiers et lacunes s'étendent à l'horizon. Ils sont une partie des 19 camps de réfugiés palestiniens en Cisjordanie...
Dès 1948, le nouvel Etat d'Israël profita de la guerre que lui mena les Arabes pour prendre d'assaut des villages palestiniens, chasser les habitants ou les massacrer comme à Deir Yassine. La conséquence fut un exode massif de la population palestinienne effrayée, soit en-dehors des frontières de la Palestine (au Liban, en Syrie ou en Jordanie) soit à l'intérieur dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie. La résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies garantit le droit au retour des Palestiniens qui souhaitent « vivre en paix avec leurs voisins ». Un programme de l'Organisation des Nations unies a été mis en place pour venir en aide aux réfugiés palestiniens dans la Bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. C'est l'UNRAW (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).
Soixante six années que les camps existent et qu'ils sont toujours sous le programme d'aide de l'ONU. Une image ressort nettement des camps lorsqu'on les visite: celle des enfants. Deux symboles aussi réunis cet imaginaire. La clef que les réfugiés gardent toujours précieusement de leurs maisons et le fameux personnage d'Hanthala du caricaturiste palestinien Naji Al Ali. Il disait de son personnage: « Hanthala est né à l’âge de 10 ans et depuis son exil les lois de la nature n’ont aucune emprise sur lui. Il ne recommencera à croître que lors de son retour sur sa terre natale. Il n’est pas un enfant bien portant, heureux, serein et couvé. Il va nu-pieds comme tous les enfants des camps de réfugiés. Ses cheveux sont ceux de l’hérisson qui utilise ses épines comme arme. Bien qu’il soit rude, il a l’odeur de l’ambre. Ses mains, toujours derrière son dos, sont le signe du rejet des solutions porteuses de l’idéologie impérialiste et sioniste. Au début il était un enfant palestinien, mais sa conscience s’est développée pour devenir celle d’une nation puis de l’humanité dans sa totalité. Il a fait la promesse de ne jamais se trahir. Hanthala veut dire amertume ».



Camp d'Aïda. Ce camp est collé à la ville palestinienne de Bethlehem.



Les enfants sont partout dans les camps. A Jénine, une Israélienne, Arna Mer avait décidé de s'installer contre vents et marrée près du camp et de fonder un théâtre le "Freedom Theatre" pour aider et occuper les enfants du camp. Ce théâtre est un lieu de résistance par l'art et la culture. A sa mort, son fils Juliano Mer Khamis, de père Palestinien, poursuivra l'activité du théâtre jusqu'à son assassinat en 2011. Le théâtre existe toujours. Juliano était réalisateur et son film sur l'histoire de sa mère et du théâtre "Les enfants d'Arna" est un film exceptionnel, un témoignage très émouvant qui évoque aussi le massacre de Jénine en 2002 par l'armée israélienne lors de l'Opération rempart menée par le gouvernement d'Ariel Sharon.



Ces enfants sur le toit d'une maison du camp d'Aïda s'amusaient de me voir les viser avec l'appareil. Les camps étaient au début de simples tentes, puis au fur et à mesure des années, les Palestiniens construisirent en dur. Comme un archéologue, on peut deviner les couches successives des constructions. Les camps sont de véritables villes qu'il est très difficile moralement pour les réfugiés de quitter car ils abandonneraient de fait leur statut de réfugié et perdraient le droit au retour. C'est leur forme de résistance que de rester dans le camp aussi surprenant que cela puisse nous paraitre.



Des fois effrayés par l'appareil (un M6 n'est pourtant pas très impressionnant) et des fois amusés, tels sont les enfants des camps.



Un jeune "hististe" (qui tient les murs). Leurs murs sont effectivement ce qu'ils souhaitent plus que tout retrouver, c'est aussi ce qui les tient isolés du reste du monde.
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Alain Claude
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C'est bien l'histoire ... vécue !
Merci
A.CAMUS : "Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur"
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