Bonjour,
C'est intéressant de savoir qu'est-ce qui peut nous amener à utiliser tel ou tel appareil.
En général je ne me pose pas trop la question sauf avant une séance importante où je me dis que je ne peux pas me tromper, il faut que le matériel soit
adapté.
Pour ma part, j'ai toujours préféré utiliser les Nikon et Rollei (flex ou 35), Les Leica ne me faisaient pas trop fantasmer. On m'avait prêté un M6 et je trouvais ça super mais globalement j'etais satisfait de mon matériel et rien ne justifiait que j'investisse dans un Leica.
Un jour par hasard, un ami m'a confié un vieux IIIc et son Elmar 50 du même jus pour que je le lui règle un peu.
Pour moi c'était une vraie relique, limite hors d'usage.
Après avoir fait de mon mieux, j'ai mis un film et ai testé ce
vieux coucou à un repas de famille en faisant ce portrait de mon frère entre deux plats, que j'ai ensuite recadré carré (atavisme du Rolleiflex ?)
Je trouvais le portrait sympa mais quand même très
rétro et je lui ai en offert peu après un tirage 20x20,
viré sépia.
Il en fut très content, le posant un temps sur son bureau.
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Trois ou quatre mois après, il vient me voir et me dit:
- Je t'offre un Leica pour ton anniversaire, choisis en un.
- Je crois que tu n'as pas idée du prix d'un Leica.
- Pas un Leica trop cher quand même..
- Mais il n'y a pas de Leica
pas cher ! (tout ce que je voyais me semblait hors de prix)
- Cherche un peu et dis moi ce que tu trouves.
J'ai regardé les petites annonces et par la chance du débutant, j'ai trouvé un M7 à 900 euros que vendait urgemment un photographe
(avec qui je me suis lié ensuite), ce qui au moment du début des M7, était vraiment bon marché.
Il avait bien servi, était bigné mais bon. Aucune importance.
Mon frère me dit OK et me l'offrit.
Je trouvais peu après un Summicron 50 et en avant, j'avais un Leica !
Mais je ne m'en servais encore que très peu, j'etais flatté par le bel objet et la ligne (moins belle qu'un Rolleiflex quand même...) mais sortais toujours mes Nikon et Rollei sans vraiment penser au Leica.
Pour moi, c'était plutôt du luxe, comme une sorte de décoration...
Quelques temps plus tard, j'arrive à arracher une séance de nu sur laquelle j'avais beaucoup misé, étant le point d'orgue d'un projet au long cours que j'avais commencé depuis plus de 6 mois (et qui devait durer trois ans en fait, mais je ne le savais pas encore). Une séance en intérieur sans éclairage annexe et dans un sombre rez-de chaussée sur cour un après midi pluvieux.
Toutes les conditions optimales en somme...
J'ai pris mon sac avec mon Nikon et ses meilleures optiques, mon Rolleiflex 2.8 et un petit compact numérique Contax U4-R faisant office de Polaroïd.
Avant de partir, je regarde le Leica et je me dis:
"A quoi bon le prendre, j'ai du 135 en Nikon et du 120 en Rollei, il va faire double emploi."
Après une hésitation, je regarde mon sac et vois un petit espace vide...
... allez hop, je me le mets dedans et en avant.
Je fais la séance avec les moyens du bord (un halogène pourri qui était sur place) et ca se passe plutôt bien, je suis assez content de ce que j'ai.
Puis avant de finir, il restait un peu de temps, je sors le Leica et fais un film pour le plaisir, principalement quelques portraits de près puis boucle la séance.
Une fois développé le tout, je suis extrêmemnt surpris.
L'ensemble est a peu près ce que j'en attendais mais la surprise vient de ce dernier film Tri-X: Tout est
MIEUX.
Je ne comprends pas trop.
Je retravaille les scans des films, le Rolleiflex donne un grain superbe mais l'esthétique me semble prendre le pas sur l'image, Le Nikon est super aussi mais il manque une présence, je suis un peu déstabilisé et je finis par me rendre malgré moi à l'évidence que les meilleures images viennent toutes de ce M7, qui m'offre par exemple ce simple portrait:
Est-ce que ça venait de l'appareil, de l'optique, du rapport au sujet, de moi, du ciel ou de la lune?
Je n'ai pas trop cherché à interpréter pourquoi ça marchait mieux mais j'ai compris une chose simple qui s'est vérifiée:
Ce Leica me donnait plus de bonnes images par film.
En pur pragmatique, j'ai conclu un accord tacite:
Dorénavant on ferait route ensemble.
Victor