Quelle mise en situation ! Quelle belle adéquation sujet-regard-mots clés !
On comprend tout à fait ce que tu dis sur la terre dans la chromie de la première série : mais est-ce vraiment brut de scan ou bien tchaoupiné dans le sens du propos (j’ai une petite dominante magenta sur certaines) ? Une chose en tout cas qui n’est pas trafiquée, c’est la correspondance des couleurs : bravo, par exemple, pour l’escabeau rouge sur fenêtre rouge (et l’écho de ceci avec la photo des pelles et des pastèques) !
Les échos sont très beaux d’ailleurs dans toute la série (comme une succession de thèmes jamais trop pesante, car tu ne cèdes pas fort heureusement à l’exercice de style systématique). Exemple : 14-16 (on mange sur le marché), 21 et 22 (cache-cache avec le contre-jour), 24 et 25 (la fatigue en public), 27-28 (les chiens)…
Concernant les instantanés, on retrouve ta patte : photographier avec talent des instants « non décisifs » (cf. R. Frank), illustrant très bien ce qui se passe ou ce qu’on voit dans ces rues. Et c’est très probablement ainsi la meilleure mémoire de ton voyage.
La 10, toute simple, est totalement magnifique : tout fait chinois et pourtant rien n’est posé, affecté ; la classe de cette image tient en particulier à la profondeur de champ, qui est remarquablement maîtrisée (personnage détaché mais écriteau en arrière encore bien lisible).
Ce que tu dis de la discrétion, on le comprend fort bien. Mais ne pourrais-tu pas tirer partie de cette polarisation des regards ? Surtout si tu n’as pas affaire à un lieu où le regard posé sur le photographe est définitivement dénué de curiosité ou d’aménité ?
J’aime beaucoup la 21, dans laquelle la forme rejoint le fond (il n’y aurait pas cette belle épure de symétrie sans le contre-jour total…).
Matthieu : bravo, continue !