.. sans photos, dans ce forum de photos.
Après longtemps d'absence, je reviens et m'interroge sur la nécessité de faire des commentaires sur les photos. J'avais au début de ce forum "Voyages" fait des recommandations -qui sont généralement peu suivies, mais un forum n'est pas une académie ni une dictature...
Je suppose que quand on poste des photos, on attend des compliments, même quand on dit le contraire. Parfois, on est très heureux de recevoir, en même temps qu'un compliment, un éclairage insoupçonné sur la photo qu'on a faite. Cela la fait renaître une deuxième fois dans le regard. Parfois aussi une critique permet de regarder ses propres photos avec moins de complaisance.
Je redis ici ce que suppose de poster des séries de photos. Si c'est évident dans la rubrique "Reportages", cela ne l'est pas moins dans la rubrique "Voyages". On peut tout dire en commentant une photo mais cela n'est jamais pertinent. Plus on a de photos à regarder ensemble ou en séquence, plus le regard émerge et donc plus le champ du commentaire utile, de celui qui établit la communication, se restreint.
Je prends un exemple (parmi d'autres) : dans ce
fil, la photo qui est montrée est à mon avis ratée si elle est présentée toute seule. Pourquoi ? Parce que le sujet n'est évidemment pas le type qui sort du cadre en occupant un tiers de l'image, mais l'infirme. Mais si l'infirme est le sujet, pourquoi ne pas l'avoir mis au centre de l'image, avec la foule autour, et surtout pourquoi ne pas l'avoir photographié de près, les yeux dans les yeux ? Parce que c'est difficile ? Evidemment, mais faire une telle bonne photo est difficile...
Ce que je dis peut paraître dur ou prétentieux mais si c'était Le Querrec qui le disait on reconnaîtrait que c'est juste. Je ne suis pas pour la dictature du "plus près", et nombreuses sont les photos où j'apprécie le vide des avant-plans et le respect de la vraie distance. C'est le cas dans beaucoup de photos de rue, par exemple, où la distance est vraiment celle du quidam (on ne se colle pas au monsieur qui a une tenue photogénique, on le shoote comme on le croise...). Ici, ce n'est pas une scène de rue, ce n'est pas une scène du tout, c'est de la photo ethnographique. Donc, au 35 et au niveau du monsieur, en plein dans le mille, à 1,5 mètre. Je fais gaffe en écrivant cela à ne pas trop me zekkariser mais le père Jacques a généralement raison sur les paradigmes techniques.
Revenons à la photo. Car je ne veux pas que Mika m'en veuille pour ce petit laïus. Ce que je voulais dire, c'est que si cette photo était dans une série, ou une mosaïque, comme une pièce d'un puzzle, peut-être qu'elle aurait son sens et sa raison d'être. Par exemple, on pourrait imaginer des variations sur l'indifférence des passants, qui formeraient comme une barrière répétitive devant l'esseulé, le déshérité, l'infirme : celui qui reste au fond de la rivière et que le courant évite.
C'est une fantasmagorie évidemment sans rapport avec la réalité mais peu importe : on ne serait plus dans la photo ethnique, on serait dans autre chose.
Je ne vais pas gloser davantage. Je vous conjure, frères et soeurs sumiluxien(ne)s, de nous ciseler des photos pensées pour illustrer votre regard et vos sentiments au-delà de leur niveau rachidien. Et n'oubliez pas que les légendes sont absolument capitales, quoiqu'on vous dise ça et là !
Bises à tous,
JY