Bonjour à tous,
Le châtaignier n'a pas peur du bûcheron. Il possède en effet l'étonnant pouvoir de rejeter de souche. Vous le coupez et de minuscules bourgeons dormants sous l'écorce de la souche se développent et donnent naissance à des tiges qui deviennent de nouveaux troncs. Vous coupez ces troncs pour façonner des piquets de vigne ou des bûches et leurs souches rejettent à leur tour. De sorte qu'au fil du temps, un seul châtaignier peut devenir une large cépée.
Quand les taillis de châtaigniers qui se sont multipliés au 19e siècle sont laissés à l'abandon, des troncs finissent par s'effondrer. Il suffit que le cambium, cette couche de cellules située juste sous l'écorce, ne soit pas totalement rompu, restant en contact avec le pied ne fut-ce que sur quelques centimètres de large, pour que la sève circule toujours et qu'un bourgeon dormant puisse former un nouvel arbre sur le bois pourrissant.
Quand ils sont devenus très vieux, les châtaigniers se creusent. Le bois à l'intérieur pourrit progressivement sans que la vitalité de l'arbre soit entamée. Mais quand le pourtour du tronc est devenu trop faible pour supporter tout le poids de la ramure, l'arbre s'effondre un jour de grand vent. Les branches qui au fil des décennies se torsadent en un mouvement hélicoïdal laissent d'étonnants chicots. Mais le pouvoir de rejeter subsiste et le vieux châtaignier qui devrait être mort renaît de son pied.
Des troncs de châtaigniers étaient creusés pour fabriquer des ruches. Ici, au fil des ans, une souche s'est creusée au centre mais l'extérieur, plus solide, a subsisté. On peut donc effectivement comprendre pourquoi les ruches de châtaigniers étaient utilisées par plusieurs générations d'apiculteurs.
Montagne noire, août 2006
M6 + summicron 35 + film Kodak Gold 200