Bonsoir à tous !
J'ai (finalement) succombé au Monochrome car il m'apporte une gamme de gris et une profondeur dépassant l'image numérique dans toute sa relativité.
Un bref essai grâce à AEG163 cet été avait été trop court, mais m'avait "éclairé". Je remercie un "marchand", et néanmoins ami, de m'avoir proposé un essai prolongé et d'avoir pris le risque de cet essai, pour une décision éclairée qui m'a pris 15 j (à temps partiel).
Il est passionnant d'avoir ces fichiers qui ont de multiples potentialités, de la gamme de gris à la HCB (sur papier argentique vraiment argentique) ou avec "la petite musique des gris" de Kertesz, comme avec feu la Panatomic (32 asa) de notre jeunesse, ou au contraire un résultat de type Ilford 3200, avec du grain et du contraste.
Le risque est de plus savoir où donner de la tête devant les multiples possibilités offertes assez simplement dans Camera Raw (Lightroom ou Photoshop) et complétées, sinon compliquées, à l'envi par SilverEffex.
Le défi sera aussi à la reproduction, à jet d'encre, piézographie ou baryté via agrandisseur numérique. En attendant, les impressions jet d'encre rendent bien les images et la discussion familiale a été passionnée
La discussion sur le film est infinie et, comme le dit si bien Paga, l'important est de garder une trace, pour soi ou pour les enfants, sur papier (pas sur écran). Le rapport au temps est bien personnel et sans doute fonction du temps et des outils dont on dispose.
La référence aux modèles est assez humaine par conditionnement de la pensée analogique.
A la naissance, nous sommes presque aveugle avec 1/20° puis nous apprenons à distinguer formes et lumières, dont le visage de la mère. Les circuits se créent progressivement et la vision s'améliore pour atteindre 10/10°. Les circuits sont terminés vers l'âge de 5 à 6 ans puis les références se créent et le cerveau va puiser dans ses bibliothèques.
Cet été, j'ai montré des images noir et blanc analogique (argentique), mixte (argentique tirées en numérique via un scanner) et des images numériques à des gens d'âge différents en leur demandant de les classer par préférence "esthétique" sans préjuger du sujet.
Les vieux, de ma génération nés avec l'argentique, ont tous préféré l'argentique ou le mixte, les jeunes, moins de 20 ans, qui n'ont pour la plupart jamais utilisé de film, ont tous préféré le numérique, le Monochrome remportant tous les suffrages.
Le vrai argentique (prises de vue et tirages, sans intermédiaire) est très beau et capte la lumière si le papier est vraiment bon : c'est devenu très difficile pour des amateurs et très loin d'images scannées pour le web. Là aussi le rapport au temps joue...
Le Monochrome est un nouvel outil, passionnant sans aucun doute.
Souvenons aussi que depuis Heisenberg et son principe d'incertitude, nous savons que l'outil que nous avons créé pour étudier un phénomène introduit un biais par son existence même et crée donc une incertitude ou une indétermination.
La querelle analogique/numérique me paraît donc vaine : seule l'image finale compte.