willy a écrit :
La photo de rue peut se faire selon deux démarches distinctes selon moi :
- la photo volée afin d'obtenir de la spontanéité (l’instant décisif) et figer une expression, un geste,une situation qu'on aurait pas obtenue avec la photo posée.
ou bien
- l'interaction plus ou moins importante avec son sujet. Pour des photos moins spontanées mais tout aussi riches si on les envisage différemment que la photo volée.
Si ces deux démarches existent, il existe un entre-deux.
Pour être particulièrement sensible à la notion d'engagement personnel lorsque l'on décide de déclencher, la "photo volée" se situe aux antipodes de ce à quoi je crois. Et l'idée selon laquelle on parviendrait mieux à capter "l'instant décisif" (notion largement galvaudée), ne constitue pas, selon moi, un alibi satisfaisant.
Comme disait Bernard Arcand, "photographier une personne, c'est affirmer qu'elle nous intéresse". Et s'intéresser à un sujet, ce n'est pas le voler ou le capter à la dérobée. Dans ce cas, le sujet (ou l'objet) photographique devient le photographe lui-même, pour se transformer en mouvement vers soi-même à des fins de satisfaction personnelle où l'on prend et où on ne donne rien. Même pas l'acceptation d'une éventuelle interaction avec son sujet.
Quand je photographie des personnes dans la rue, je ne me dissimule jamais.
Cette proximité à mon sujet à laquelle je suis sensible fait que, même de dos, je suis très près et très perceptible. Il s'ensuit très souvent un moment d'échanges qui sera juste un sourire ou une discussion à bâton rompu.
La photographie de rue permet aussi cela : (re)considérer le fait qu'un appareil photo peut être un formidable medium favorisant l'interaction entre le photographe et son sujet.