Bonjour
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Je ne passe plus très souvent, aussi je vais faire l'effort d'écrire un peu plus que d'habitude. Le 9 août 2008 aux environs de 00h15 (dans la nuit de samedi à dimanche) sur France 3 (national), dans "La Case de l'Oncle Doc" sera diffusé un film retraçant plus d'un siècle de photographie en Corse : "Les Tomasi, l'héritage d'un regard..." Ce film me touche à plus d'un titre, essentiellement par la manière dont la Corse y est montrée. J'aimerais partager cela avec vous.
Ce film raconte l'histoire d'une famille de photographes (la famille Tomasi) qui, à travers trois générations, va écrire dans les sels d’argent des milliers de pages d’un livre d’image qui débute en 1880 et chevauche près de trois siècles… Grâce aux photographies présentées et à des archives inédites tournées en 8mm et en 16mm, ce voyage dans le temps sera l’occasion de revenir sur des événements qui ont ponctué l’actualité et l’histoire de la Corse depuis la fin du XIXe siècle, comme la présence de la flotte russe dans la baie d’Ajaccio, la libération de la Corse en 1943, l’exil de la famille royale du Maroc, ou encore le tournage du film Le jour le plus long sur la plage de Saleccia. L’histoire de cette famille va progressivement se lier à celle de la Corse pour ne plus s’en détacher.
Le fonds TOMASI représente la collection photographique la plus riche de toute la Corse, d’un point de vue quantitatif (plus de 200 000 clichés) et qualitatif (de par sa valeur artistique et son état de conservation). La constitution et l’histoire de ce fonds sont intimement liées à l’histoire de la Corse et des trois générations de photographes qui se sont succédées au sein de la famille TOMASI.
Tout commence avec Ange TOMASI (1883-1950). A l’âge de 13 ans, il rencontre le photographe Jean-Baptiste MORETTI qui l’engage comme tireur, retoucheur, puis portraitiste dans son atelier de Corte. Très vite, il veut sortir de l’atelier et explorer les possibilités de ce nouveau support artistique, parallèlement à sa passion pour la peinture. Il n’a pas 20 ans quand il s’installe à Bastia comme photographe. Mobilisé en 1914, il s’établira ensuite à Ajaccio comme portraitiste et éditeur d’art à la fin de la guerre. A cette époque, il se liera d’amitié avec un photographe allemand qui lui laissera 400 plaques de verre réalisées en Corse de 1880 à 1900. Au cours de sa vie, Ange TOMASI réalisera plus de 40 000 clichés sur plaque en verre de toute la Corse. Il s’intéressera à toutes les innovations technologiques et utilisera les premiers appareils Rolleiflex et Leica. Il s’intéressera également au cinéma et rencontrera Auguste MELIES, qui décèdera à Ajaccio en 1915.
Ange TOMASI aura deux enfants dont un fils : Toussaint (1912-1967). Après des études à Aix-en-Provence et à Paris, il effectue son service militaire à Metz de 1932 à 1934, au sein de la 11e Escadrille d’Aviation Lourde de Défense. C’est là qu’il découvrira la photographie aérienne et qu’il décidera de rentrer en Corse pour se consacrer à la photographie. Il intègre donc l’entreprise familiale et, à la mort de son père en 1950, il optera pour le photojournalisme et travaillera pour RADAR, le Daily Miles, la société National Géographic, la presse locale (Le Journal de la Corse, Nice-Matin Corse, Le Provençal Corse)… Il sera également le correspondant pour la Corse de Paris-Match, Jours de France et Télé 7 jours. A la fin des années 1950, il devient le correspondant de la R.T.F. en Corse et assure seul la couverture télévisée de l’actualité dans l’île. De 1934 à 1967, il réalisera plus de 120 000 clichés et toutes les personnalités de l’époque défileront devant son objectif : Elisabeth II, Mohamed V et Hassan II, Jean-Paul BELMONDO, Kirk DOUGLAS, Tino ROSSI, Marcel PAGNOL… Il disparaît à l’age de 54 ans et laisse derrière lui une collection d’images qui constitue un véritable manifeste humaniste de son époque…
Toussaint TOMASI aura plusieurs enfants dont un fils qui naîtra en 1949 : Michel. C’est ce fils qui perpétuera à son tour la tradition photographique des TOMASI. Le jeune Michel découvre la photographie en accompagnant son père en reportage. Il apprend très tôt la technique et les règles élémentaires de cet art familial et réalise ses premiers clichés à l’age de 7 ans. A la mort de son père, il quitte la Corse et intègre le « Service de Promotion Audiovisuelle » de Kodak-Pathé, où il va achever sa formation photographique et se passionner pour la couleur. Tout comme Ange et Toussaint, il s’intéresse aux dernières évolutions de la technique et des pratiques photographiques, ce qui le conduira à aborder tous les aspects de ce média, de la macrophotographie à la photographie aérienne, en passant par la photogrammétrie, la stroboscopie ou la photographie subaquatique... A son tour, il aura une activité photographique très prenante : photographe de presse (Paris-Match, Le Provencal, Nice-Matin, Le Journal de la Corse…), de mode, d’illustration (L’Express, Le Dayly Miles, National Geographic, Maisons et Jardins…), d’archéologie (magazine Archéologia, missions pour la Direction des Antiquités de la Corse, campagnes de fouilles…), il sera également opérateur des actualités à bord du paquebot France de la Compagnie Transtlantique. Passionné de cinéma, il deviendra opérateur image, puis directeur de la photographie. Il réalise une cinquantaine de films pour lesquels il recevra de nombreux prix, en France comme à l’étranger. Sur les tournages, il se lie d’amitié avec des figures du cinéma français, comme Henri ALEKAN et Antoine BONFANTI, qui deviendra plus tard le parrain de sa fille. Il n’abandonne cependant pas la photo et ne se sépare jamais de son Leica. Au gré des tournages et des voyages, il accumule une grande quantité d’images : paysages, compositions graphiques, portraits d’anonymes ou de célébrités, stars du cinéma ou de la chanson, hommes politiques, photographies de rue… Au cours de cette période, il revient régulièrement en Corse et devient un témoin privilégié d’une époque de contestation et de changements dans l’île, avec les premiers mouvements autonomistes. En 1990, il rencontre celle qui deviendra sa femme et abandonne tout pour revenir vivre en Corse auprès d’elle. Il reprend alors l’entreprise familiale laissée en gérance et se consacre alors à la photographie. Il est aujourd’hui photographe, tireur d’art et digigraphe. Il travaille pour des artistes, des galeries d’art, des musées… Il organise également régulièrement des expositions photographiques consacrées à son propre travail, ainsi qu’à celui de son père et de son grand-père.
Voilà l'histoire de ce film.
Amitiés,
Yves.
P.S. : Si je n'ai pas posté au bon endroit, qu'un administrateur charitable veuille bien placer ce fil dans la bonne rubrique, ce dont je le remercie par avance.